Beverly ; momma got somethin' to tell you (uc)

« HOPE THAT YOU FIND YOUR WAY »
Elle ne pouvait détourner les yeux de son propre reflet. Non pas qu’elle soit narcissique, ou quoi que ce soit, non. Pour la première fois depuis des semaines, elle se sentait réellement belle, heureuse, fière, et importante. Beverly lissa sa robe noire de sa main droite, et remis en place un chapeau imaginaire, en le pinçant légèrement sur le bord. Un rire lui échappa. Une note encore enfantine, pleine d’espoir et de bonheurs à venir. C’est qu’elle ne doutait pas d’être heureuse : après tout, ne le méritait-elle pas ? Une ombre passa dans son regard, une ombre qui s’éclairci bien vite. Il ne fallait pas y penser, il fallait faire table rase du passé lorsque, comme elle, on avait la chance de commencer autre chose. Une autre vie, dans un autre monde. Elle avait passé toutes ces dernières semaines à ses malmener la lèvre inférieure, tant elle retenait les sanglots qui lui montaient inlassablement à la gorge. Sa tête était encore pleine des accusations de son frère, qu’elle n’aurait sans doute plus jamais l’occasion de voir. Elle ne put empêcher son regard de dévier un instant sur la droite du miroir, où il n’y avait plus que de l’espace. Elle pensa alors que c’est Ailill, qui aurait du se tenir là, aussi fier qu’elle l’était à présent. Elle déglutit péniblement, et ferma un instant ses yeux sombres. Becky (comme elle serait appelé plus tard) ne doutait pas qu’ils aient fait le bon choix. Il avait perdu la raison, et elle savait, au plus profond d’elle-même, que jamais il ne la retrouverait. Ce qu’ils avaient vu cette nuit là, dépassait l’entendement, et si elle avait tenu… elle en ignorait la cause. Peut-être qu’au fond, elle avait toujours été plus forte que son frère, quoiqu’en ait jamais pensé les autres. Ses dents rencontrèrent sa lèvre, et elle poussa un profond soupir, avant d’ouvrir les yeux, et de sourire à son reflet. « Suis-je forte ? » Ses joues s’empourprèrent un court instant, alors qu’elle riait de nouveau. « Oui, je suis forte. Très forte. » Et ce n’était pas la pensée de son frère à Sainte-Mangouste, ce n’était pas la peur de l’avenir, la peur du passé, qui allait lui ôter cette pensée. Elle serait aujourd’hui et à jamais, la petite fille la plus forte de tout l’univers.

« Beverly ? Dépêche-toi si tu ne veux pas rater le ferry. » « J’ai presque terminé, papa ! cria-t-elle à l’adresse du seul membre de la famille qui lui restait. Le plus sage sans doute. Son père avait toujours su que ses enfants étaient particuliers. Il n’avait sans doute pas penser à la possibilité que son fils devienne un fou à lier, cela non, mais Bev était persuadée qu’il possédait une sorte de sixième sens, quelque chose comme une sensibilité exacerbée. Son cœur se serra, sachant trop bien comme il avait du souffrir. C’était sans doute lui qui perdait le plus dans tout cela. Et à présent que sa mère et son frère les avaient quitté, elle aussi, s’en allait… elle n’osait pas imaginer dans quelle terrible solitude il se trouverait lorsqu’elle serait loin. Pendant un instant, elle regretta presque d’être ce qu’elle était, même en sachant que son père n’en était que plus fier d’elle.