Ryden Venùs Mercury ~ « Petite blonde électrique »

Une petite fille. Assise sur le tapis, à regarder sa mère mettre la table. Une petite fille d'environ 5 ans dont les longs cheveux blonds tombent sur ses épaules. Moi. Oui, cette petite fille, c'était moi. A cinq ans, je passais mes journées à regarder ma mère nettoyer la maison. Elle ne faisait que ça, de toute façon. A cinq ans, je ne faisais rien. A cinq ans, je n'avais personne. A part mon frère. Oui, il n'y avait que mon frère. Pas de parents. Pas de famille. Juste mon frère... Non, pas de parents, ou du moins, des parents-fantômes, comme je les appelais petite. Des parents-fantômes... Oui, je ne pouvais leur trouver un meilleur nom. Des parents qui ne s'occupaient pas de moi. Ni de mon frère. Pourquoi se soucier de ses enfants, n'est-ce pas ? De toute façon, ils ne sont que des êtres étranges arrivés dans notre vie par un malheureux concours de circonstances...

Ils me dégoûtent. Mes propres parents me dégoûtent. Parce qu'ils n'ont pas le droit de faire ça à des gosses. Des gosses qui ont grandi à deux, se rattachant l'un à l'autre comme à une bouée de sauvetage. Des gosses qui comprennent maintenant que ce n'est pas normal. Que tout ce qu'ils ont subit, que leur solitude n'est pas normale...
Oui, ils me dégoûtent. Mais en même temps, je les remercie. Car c'est grâce à eux que je suis ce que je suis. Mais c'est à cause d'eux que j'ai failli perdre mon frère. Car si l'ignorance de nos parents m'ont juste rendue solitaire, un bouquin toujours fourré dans mon sac, ce n'est pas le cas de mon frère. Lui, il est... Sadique et suicidaire. J'ai failli le perdre à cause d'eux, et je ne leurs pardonnerai jamais ! Car c'est inacceptable.

Je n'ai que 15 ans, mais je sais. Je comprends. On a tendance à me considérer comme une gamine... mais je suis plus intelligente qu'ils ne le pensent. Pourtant, ils me sous-estiment. Et je fait tout pour. A part mes amis, bien sûr. Mais les autres me prennent pour une pauvre gamine bonne à rien. Sauf pour les cours, bien sûr. C'est pas que je veux faire ma Miss-je-sais-tout, mais je lis. Quand je ne suis pas avec mes quelques amis - j'en est très peu - ou avec mon frère, je lis. Tout ce qui me tombe sous la main, que ce soit le livre de magie noire ou les contes pour enfants. Ou je dessine, aussi. Oui, je dessine. Je dessine très bien d'ailleurs, tout le monde me le dit. Mes dessins sont bizarres mais très beaux, c'est ce que me sorte la plupart des gens. Imbéciles. Ils ne comprennent pas que dans mes dessins, j'exprime toute la douleur et l'amertume enfouies au fond de moi. Tout comme quand je fais du Quidditch. J'aime voler, parce que je me sens alors livre. J’ai l'impression de pouvoir aller partout. Oui, j'aime le Quidditch, mais j'aime encore plus voler sans contrainte. Car là... Je me sens vraiment libre. Libre et seule. Tout ce qu'il me faut.

Mais comment suis-je devenue comme ça ? Comment suis-je devenue aussi solitaire ? Pourquoi suis-je si renfermée ? Des questions que tout le monde se pose... Mes secrets, je ne les ai jamais révélés, à part à mes plus proches amis... Et à vous... A vous, je vais tout vous raconter.

J'étais donc assise sur le tapis, à regarder ma mère faire diverses tâches ménagères. Je n'avais que cinq ans et pourtant... Pourtant je n'étais déjà plus rien pour ma mère. Je me demande même s'ils se sont émerveillés devant ma p'tite bouille de bébé quand je suis née, comme tous parents devraient le faire... Mais je n'avais que cinq ans et je ne pensais pas à ces choses-là. Pour moi, c'était ma Maman. J'avais confiance en elle, c'était mon repère dans ce monde de grand... Mon frère me l'a souvent répété. J'étais mignonne, petite. Toute blonde, avec mes cheveux déjà longs et mes yeux d'un vert magnifique. Un vert émeraude. Des yeux que je ne tiens ni de mon père, ni de ma mère. Mais de ma grand-mère. J'en suis plus qu'heureuse, aujourd'hui, car moins je ressemble à mes parents, mieux je me porte. Malheureusement pour moi... A cinq ans déjà, j'étais le portrait craché de Maman. Avec mes tâches de rousseur, mes cheveux d'un blond très clair et mon nez fin et droit. Bien sûr, j'étais plus ronde, car je n'étais encore qu'une gamine. Une gamine qui ne comprenait pas pourquoi ses parents l'ignoraient.

Ryden - « Maman. Je peux aller jouer avec Row' ? »

Pas de réponse à ma question. Ma mère se retourne, étonnée. Elle n'avait même pas remarqué que j'étais là. Avec un soupir, elle retourna à sa vaisselle. Vaisselle qu'elle avait commençait après qu'elle est mit la table. Moi, je la regardais, mon regard émeraude profondément triste. Je commençais déjà à comprendre que ce n'était pas normal que ma mère m'ignore ainsi. Le pire était que personne en s'en rendait compte. Parce que dés qu'il y avait du monde, elle faisait la mère parfaite, toujours à l'écoute de ses enfants...

Mum - « Le repas est bientôt prêt. Et il s'appelle Sorrow. »

Pas de réponse à ma question. La seule chose qui l'intéressait, c'était le ménage. Et nos prénoms. Elle détestait que l'on se donne des surnoms et elle nous corrigeait à chaque fois que l'on en prononçait un devant elle. Mais moi, à cinq ans, je ne comprenais pas pourquoi ma mère ne voulait pas que j'appelle mon frère Row'. Puis, plus tard, quand j'ai compris, j'ai continué à l'appeler Row', même devant eux, juste pour les faire chier. Excusez-moi, je suis vulgaire. Mais il n'y a pas d'autre mot. Je le voulais et je le veux toujours les faire chier. Parce qu'ils m'ont pourri la vie, et, surtout, qu'ils ont pourri celle de mon frère...
Pas de réponse à ma question. Alors je sortis retrouver mon frère dans le jardin. Tout comme la maison, il était minuscule. Plutôt qu'un jardin, c'était une cour pavée, avec une allée centrale en béton. Mais nous avions un jardin, c'était déjà un luxe, vu le salaire peu élevé de mon père. Parce que bien sûr, mon père, qui avait voulu devenir coach, n'avait jamais réussi et avait maintenant un travail misérable. Et ma mère ne travaillait pas, tout simplement.

Arrivée dans la cour, je m'assois aux cotés de mon frère, sur un petit muré. Je m'approche de lui et m'appuie contre sa poitrine. Il me serre dans ses bras. Moment intime que nous partageons. Je n'ai jamais eu l'habitude que l'on m'étreigne. Ni à 5 ni à 15 ans. A part mon frère, bien sûr.

Ryden - « Dis, Row', pourquoi Maman elle lave toujours les assiettes ? »

Un soupir exaspéré s'échappe des lèvres de mon grand frère. Ce qu'il avait raison de souffler. A cette époque là, ce n'était pas encore le jeune homme sadique et suicidaire. Non, il était le petit garçon délaissé essayant au maximum de protéger sa soeur. Je le remercierai toujours pour ça. Car il m'a protégé. Et il m'a aimé.

Sorrow - « Ne pense pas à ça, Ryd', ce sont des abrutis... »

J'avais été choquée, à l'époque, que mon frère ose dire ça à mes parents. Car Row' m'avait expliquait ce que ça signifiait. Mais ce qu'il avait raison...

A 13 ans, j'étais une des plus petite de mon année. Mes yeux vert émeraude n'avaient pas changé. J'avais toujours ces longs cheveux blonds, complètement lisses, maintenant opposés à ceux de ma mère qui, bien que tout aussi blonds, étaient coupés courts et bouclés légèrement. C'était un soulagement pour moi de ne plus ressembler autant à cette... inconnue. Oui, cette inconnue, car finalement, je ne connaissais pas ma mère. J'en savais plus sur ma pire ennemie que sur ma mère. Je ne connaissais pas le reste de ma famille maternelle, et je ne savais de ma mère que son nom et son prénom, ainsi que son physique. Et sa passion pour le ménage... C'était tout et ça me chagrinait. Car même si j'avais appris à vivre sans mes parents, me rendre compte qu'il m'avait ignoré et qu'il m'ignorerait toujours me faisait mal. Car finalement, je les aimais encore.

Je crois que je me suis mise à les détester en troisième année. Oui, c'est ça. C'était... C'était à Noël. On était restés à Poudlard, avec mon frère, comme d'habitude, d'ailleurs. Et on n'avait pas reçu de cadeaux de nos parents. Comme d'habitude. Sauf que cette fois... Cette fois, Row' est devenu fou. Il est parti. On l'a retrouvé quatre heures plus tard dans le parc de Poudlard... Il s'était entaillé les veines avec un morceau de verres...

J'ai alors pleuré. Longtemps. Pendant des jours et des jours... Jusqu'à ce qu'il sorte du coma. Et quand je l'ai entendu parler de cette voie basse et tremblante qui lui allait si peu... En le voyant dans son lit d'hopital, si faible... J'ai senti la colère monter en moi. A ce moment-là, j'ai eu envie de tuer mes parents. Non. Pas de les tuer. De les faire souffrir. J'ai eu envie qu'ils souffrent pour l'éternité. Je voulais venger mon frère, car tout ça, c'était de la faute de nos parents. Et j'avais envie de lui dire, à Row', j'avais envie de lui dire que j'allais le venger... Mais les seuls mots qui sortirent de ma bouche furent ceux-ci :

Ryden - « Ne recommence plus. Plus jamais tu ne t'ouvriras les veines, hein ? Tu ne me feras plus jamais ça, pas vrai ? Promets-le, s'il te plaît, promets-le... »

Il ne peut résister, il ne peut pas me résister. Même si je ne lui fais pas mes yeux de chien battu, il ne peut me résister. Même quand je ne lui parle pas de ma petite voix de gamine il ne peut me résister. Et il le peut encore moins quand je suis en pleurs, par sa faute. Mais cette fois, il ne jura pas. Il resta silencieux.

Ryden - « Tu ne le feras plus. Parce que si tu meurs, si tu te suicide, je fais de même. Et ce ne sont pas des paroles en l'air, Sorrow. Je le ferais. Et tu ne veux pas que je meurs. Alors tu vas rester en vie. Pas vrai ? »

Il frissonna. J'avais touché juste. Il ne se suicidera pas. Il tenait trop à moi. Et il savait très bien que je serais capable de l'imiter. Il savait très bien que... j'étais aussi cinglée que lui, finalement.

Sorrow - « Tu... Tu m'y obliges, p'tite soeur. Tu m'y obliges. Mais je ne peux te laisser mourir. Tu es trop précieuse pour ça. Et je t'aime trop. »

Plus que jamais, j'ai haï mes parents. Et, maintenant, même si ma colère s'est calmée, je les déteste toujours. Je les déteste toujours pour ce qu'ils ont fait à mon frère. Je les déteste car ils l'ont obligé à aller voir un psy. Mais ça ne lui sert à rien. Il peut se confier à moi. Je suis là pour lui. Et de toute façon, ce qu'il a dit au psy, il me l'a dit à moi aussi. Et moi, je comprends, au moins. Je comprends. Il lui a dit ce que je ressentais moi-même. Car comme moi, il a l'impression d'être de trop. D'être cette tâche qui gâche le tableau familial. Il a l'impression d'être celui qui gâche tout. Celui qui fait tout foirer. Il a l'impression de ne pas être aimé par nos parents, et d'ailleurs, il ne l'est pas. Il a l'impression d'être seul. Avec moi. Comme moi. Nous sommes pareils. Nous avons cette même impression de manque. Car oui, ça nous manque. Comment un enfant peut vivre sans l'amour de ses parents... alors que les-dit parents vivent chaque jour à ses cotés ? C'est impossible, et c'est ce qui nous a rendu si amers, mon frère et moi.

Car oui, bien que j'ai toujours l'air d'une fille, bien que froide et réservée, tout de même heureuse, je ne le suis pas. Je suis pleine de tristesse et d'amertume. Car j'ai grandi sans amour. Et grandir sans amour, c'est dur... Trop dur... Il n'y avait que mon frère...

Voilà. J'ai maintenant 15 ans. Je suis une grande fifille et j'étudie depuis 5 ans déjà à l'école de Sorcellerie Poudlard. J'aime apprendre des choses, beaucoup de choses. Je suis intelligente et assidue dans mon travail, j'aime les livres et le dessin... Et bien sûr le Quidditch ! Mais comme dirait mon frère, je ne suis pas qu'intelligente. Je suis aussi maligne, rusée. Je suis ambitieuse et courageuse, quand je le veux. Mais je n'ai pas ma place à Serpentard, malgré mon coeur de glace. Je ne l'ai jamais eu. Non. Le choixpeau me l'a dit, en première année. J'avais un choix à faire. Gryffondor ou Serdaigle. Ces deux maisons me correspondaient parfaitement. Enfin... En première année, j'étais plus Serdaigle, car je n'avais jamais eu le besoin d'être courageuse. Je n'étais pas une Gryffondor. Mais je pouvais développer mes capacités Gryffondoriennes. Mais j'étais surtout intelligente et assidue. Je le suis toujours d'ailleurs, mais après tout, ses qualités peuvent aller de paire avec le fait d'être courageux. Mais qu'est-ce que je voulais développer, moi, la petite blondinette aux yeux émeraude ? Moi, la fillette au coeur de glace ? Et bien j'ai choisi... les Piafs !