[suite de
back in black]
Flash back;Tout ça pour rien. C’était ce que Svetlana se disait. Mais il avait raison. Il était temps que le jeu cesse. Sinon, s’il y avait encore de l’attente, si la situation ne bougeait pas, les dégâts allaient être pires. Peut-être qu’au fond Lana savait que tout ça était là depuis le tout début. Et qu’elle avait laissé faire, sachant qu’ils allaient droit dans le mur. Mais vous savez, dire qu’on a un petit-ami, c’est une bonne excuse pour décliner les avances des uns et des autres quand, comme elle, on était trop sollicités. L’autre pouvait toujours s’interroger sur l’identité dudit petit-ami, le plus futé, lui, aurait juste des doutes, mais Svetlana n’avait jamais dit clairement qu’elle sortait avec Callistô. Si bien qu’aux yeux de beaucoup, Lana était et demeurait libre comme l’air. Liberté dont elle a usé et abusé par moments, il fallait l’avouer. Ne serait-ce qu’avec ce fameux Felix qu’elle s’est amusée à embobiner pour finalement le laisser en plan. Quand on connaissait l’esprit retors de la jeune russe, sa propension à la manipulation et les sombres desseins qu’elle nourrissait en son for intérieur, il ne serait guère surprenant d’apprendre que Svetlana avait fait semblant de A à Z. Mais elle ne pouvait pas nier pour autant ce qu’elle avait
ressenti quand par hasard ils en venaient à se retrouver dans le même lit, ou encore quand elle avait sur les lèvres cette espèce d’amertume rien qu’à la simple idée de le laisser partir, de lui dire
zou, du balai, maintenant tu dégages, je ne veux plus te voir! Pour le crétin de base, naïf, innocent, et trop sentimental, c’était la preuve concrète qu’un attachement existait, même tronqué. Mais dans le cas de Svetlana, c’était surtout une situation semblable à celle d’un enfant capricieux qui ne pouvait pas se résoudre à abandonner son jouet préféré parce qu’il était trop grand pour jouer avec sans que cela ne soit craignos. Certes, Svetlana avait joué avec Callistô. Elle lui avait fait profiter de ses coups tordus, ses coups de poker, mais jamais de ses coups de blues, rien qui puisse en réalité prouver qu’elle était apte à ressentir des sentiments.
Et là, elle sentait que son jouet ne résistait pas franchement à l’usure. Il y avait deux méthodes pour se débarrasser d’une personne. Trois à bien y réfléchir. Quatre si on regarde bien. La première, c’est la méthode directe. La méthode du
casse toi! Efficace, mais il y avait une chance sur deux de se faire haïr en retour. La deuxième, c’était la méthode de la diplomatie. Avec tact et douceur, il fallait faire comprendre à l’autre que ce n’était plus possible, que cela ne pouvait pas continuer. Et l’on s’enlise, on perd les issues. On tourne en rond, et on finit par se perdre soi-même. Mais la méthode diplomatique, ce n’était pas franchement le truc de la jeune femme. Elle était plutôt du genre directe et franche. A ne pas prendre de multiples détours. Il y avait la troisième méthode. Celle de laisser pourrir la relation. Vous savez, la corde qui s’effiloche. Et qui un beau jour, finit par se rompre. C’est long. C’est ennuyeux. Ca peut prendre des années comme ça, et la jeune russe n’était pas du genre à s’étendre pendant longtemps sur les évènements. Lana n’aimait pas attendre. Sauf quand c’était son propre jeu qu’elle jouait, là, elle travaillait ses coups et ses déplacements jusqu’à atteindre la perfection Et là, il s’agissait clairement de son jeu à elle. Et le jeune homme en face d’elle était un pion. Un pion devenu trop encombrant, inutile. Un pion dont elle comptait bien se débarrasser quand ça sera à son tour de jouer. Mais pour l’instant, Callistô avait repris la main. Alors, elle attendait. Et en son for intérieur, elle se disait qu’elle avait, depuis longtemps, adopté la quatrième méthode. La méthode sans doute la plus cruelle. Laisser espérer. Puis casser les espoirs un par un. Je t’ai dit que je viendrai à vingt heures? Je viens à vingt trois heures, en touriste, ou je ne viens carrément pas. On s’est dit qu’on sortait à Pré Au Lard ce samedi? Non, en fait je crois que j’ai prévu de rester avec d’autres amis. Au bout du dixième coup du genre, ou même bien avant, l’autre commence à se demander si finalement, il n’a pas été pris pour un con sur toute la ligne. C’était probablement ce qui se passait avec Callistô. Il commençait sûrement à comprendre que pour Svetlana, il ne comptait pas des masses, et mieux encore, elle le prenait pour un pigeon. Alors, les conclusions se déduisaient d’elles-mêmes.
Mais Lana, pour une fois, se retrouvait piégée. Prise à son propre jeu. Victime de son propre coup. Elle avait brisé sa carapace. Montré un côté d’elle-même que Callistô n’aurait jamais du voir. Un côté qui doute, qui hésite perpétuellement. Mais qui pouvait affirmer que ce n’était pas du chiqué ça aussi? De la foutaise à l’état pur? Qui disait qu’elle jouait encore, changeant de stratégie, s’adaptant à la médiocrité de son adversaire? Elle fixa de son regard vert et implacable le jeune Carpenter, le temps de remettre de l’ordre dans ses idées après lui avoir avoué ne pas savoir où elle en était. Lana aurait pu se trouver ignoble, mais elle était trop rongée par la pourriture pour éprouver ne serait-ce que des remords à jouer ainsi avec les peut-être sentiments du jeune homme. Mais oui, peut-être que dans le fond, c’est elle qui avait le plus foiré. Elle qui n’aurait pas dû jouer ainsi, dès le début. Si elle n’avait pas tenté le diable, si elle en était restée là après cette aventure où leur histoire avait commencé, elle ne serait pas dans un tel merdier à l’heure qu’il est. Elle ne serait pas dans la tour d’astronomie, à tenir une discussion minable sur des ardoises magiques toutes aussi minables, pour expliquer à un minable qu’elle souhaitait arrêter là mais d’un autre côté elle avait encore envie de jouer un peu.
Tu crois que je le sais mieux que toi peut-être ? Tu crois vraiment que je n’y ait pas pensé moi aussi ? Je sais très bien que demeurer à l’état de couple est totalement impossible. Et je ne pense pas que devenir, comme la plupart des anciens couples, des « amis » soit la meilleure solution. Deux possibilités s’offrent à toi. Soit on en reste là, soit on continue. Mais il faut choisir Svetlana.Le sang de la jeune femme ne fit qu’un tour. Elle détestait se sentir agressée, comme c’était le cas en ce moment. Elle dut prendre sur elle pour ne pas réagir de façon tout à fait…Inappropriée. Ce n’était pas tellement les paroles de son camarade qui étaient à remettre en cause, mais plutôt…sa paranoïa. Sa paranoïa qui la poussait à se retrancher derrière un mur invisible, où, pensait-elle, serait à l’abri des mots abrasifs des gens. Mais sur le visage de la russe, il n’y avait qu’impassibilité, et indifférence. La russe avait remis son masque. Elle était à nouveau indéchiffrable. Et elle regardait sans ciller les mots s’inscrire sur l’ardoise, ses lèvres pincées dessinant une ligne droite quasiment parfaite. Pas de froncement de sourcils, pas de regard noir ou blasé, pas de rides de contrariété ou de réflexion dessinées sur son front. Le visage de la jeune femme était inexpressif, à l’image des visages figées des poupées de porcelaine. On aurait pu la mettre dans une vitrine et la confondre aisément avec ces
choses. Son expression ne se modifia aucunement quand Callistô, en face d’elle, esquissa un sourire. Elle n’avait pas envie de sourire. Elle n’avait pas plus envie de pleurer. Elle ne ressentait rien. Si ce n’est qu’une profonde lassitude, l’impression de s’embourber dans un merdier duquel elle n’arrivait pas à s’extraire. Alors, elle attendait. La première porte de sortie qui pouvait s’offrir à elle. Pour sûr qu’elle se saisirait de sa chance si elle se présentait. Tout ce qu’elle pouvait faire, maintenant, c’est continuer de participer à ce dialogue de sourds qui s’installait entre eux. Une conversation où chacun campait sur ses positions, où le compromis était nécessaire mais pas encore là. Svetlana esquivait les questions qui gênent d’une pirouette, en posant d’autres questions, ou mieux, en ne laissant pas le temps au jeune homme d’en placer une, comme elle avait fait. Elle se contenta d’arquer un sourcil quand il sortit sa baguette magique, perdant son masque pendant une fraction de seconde. Elle le retrouva quand Callistô lui envoya une bouteille de whisky pur malt. De l’alcool. Soit. Svetlana prit son temps pour la boire, et elle s’assit en tailleur, lassée d’avoir ses jambes allongées. Elle fit tourner le goulot de la bouteille de verre entre ses longs doigts fins, terminés par de longs ongles nickel vernis en noir.
Qu’est-ce que j’en pense ? J’en pense que tu es très indécise dans ton choix et que si tu veux continuer on continuera. Mais si, par hasard, tel n’est pas le cas, alors nous ne continueront pas.Si la phrase claqua comme une gifle dans l’esprit de la jeune russe, son visage n’en montra rien. Elle se contenta de boire une gorgée de son alcool, et de se remettre à jouer avec sa bouteille. S’il le prenait comme ça, très bien. Il avait compris plus vite qu’elle l’aurait pensé. Elle continua de pincer les lèvres, tout en fixant le blond de son regard implacable.
Franchement ? A quoi sert d’attendre ? C’est fini point. Y’a rien à redire. On est plus un couple. Point barre. D’’ailleurs nous ne l’avons jamais vraiment été. Mais si vraiment tu veux faire ça, faisons.Pour la première fois depuis un moment, l’ombre d’un sourire flotta sur les lèvres de la jeune femme. Un sourire qui demeurait pourtant indéchiffrable. Où il pouvait y avoir que du bon et que du mauvais. L’idiot pourrait croire là à un sourire de soulagement, ou même d’encouragement. Qui signifiait peut-être
oui, on reprend tout à zéro et on essaie de faire mieux que la première fois. Mais dans l’esprit de la Serpentard, ce n’était pas ça du tout. C’était un sourire qui voulait dire
je t’ai eu, pauvre con, on va jouer encore un peu ou quelque chose du même goût. Ou mieux encore, dans sa tête, elle se contentait de penser ce qui pouvait être
Oui, c’est ça, pars. Mais tu ne sais pas ce que je suis en train de préparer. Je ne veux pas que notre rupture soit aussi minable qu’elle peut l’être actuellement. Je veux du sang. Je veux des larmes. Je veux quelque chose de spectaculaire. Qui restera dans les mémoires. Parce que quand je fais les choses, je ne les fais pas à moitié. Je ne les fais jamais à moitié. Ainsi termina cette entrevue, avec juste des non-dits, des sous-entendus, une bise laissée sur une joue. Rien d’autre. Si. Peut-être cette bouteille d’alcool. Alors, elle se leva, s’appuya contre le mur, et se la siffla d’un coup. Puisque désormais, elle n’avait plus que ça.
Fin du flash-back
& now;Lana avait décidé. Elle savait ce qu’il lui restait à faire. Alors, elle se leva. Fit signe à Callistô de la suivre. Elle le poussa dans la première salle vide qui vint, et elle se contenta de dire:
« -Il faut qu’on parle… »[voilà. C’est pas super comme début, vu que c’était surtout la fin de l’autre sujet que je voulais faire. Mais là, je pense que c’est bon, on va pouvoir faire la suite. Je n’ai pas parlé de la fête et volontairement. Histoire de…]