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 Si seulement j'avais pu y foutre le feu ••• Morgan

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Svetlana R. Vasilyevna
Svetlana V. ;What happened to the revolution?
Svetlana R. Vasilyevna


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Si seulement j'avais pu y foutre le feu ••• Morgan Empty
MessageSujet: Si seulement j'avais pu y foutre le feu ••• Morgan   Si seulement j'avais pu y foutre le feu ••• Morgan EmptyMar 7 Juil - 21:40

    A force de jouer avec le feu, on finissait presque toujours par se brûler. Phrase que Svetlana connaissait très bien, mais dont elle se fichait totalement. De toute façon, depuis quand elle écoutait les vieilles maximes et les proverbes de grand-mère? Ca ne colle pas vraiment au personnage. Svetlana n’écoutait jamais ce qu’on lui disait. Elle n’obéissait pas les ordres, ne suivait aucune lignes de conduite. Ne respectait que les règles qu’elle s’était elle-même fixées. Croyez vous pourquoi présentement, elle serrait dans sa main son sempiternel briquet, et qu’elle s’amusait à faire apparaître la flamme? Parce qu’elle était indéniablement attirée par le feu, cet élément à la fois imprévisible et indomptable, ravageur. Comme elle. Svetlana était souvent comparable à une flamme. Quand on jouait trop avec elle, on finissait toujours par se brûler. Bref. Quoiqu’il en soit, la jeune russe avait son briquet dans la main, et s’amusait à actionner la molette pour faire naître une flamme. Flamme qu’elle approchait du mur de pierre, qui noircissait légèrement. Le tout fait sous le regard désapprobateur des quelques tableaux qu’il y avait là. Mais qu’elle s’en fichait, de ce que ces maudits tableaux pouvaient dire. Elle aimait jouer avec le feu. Au sens propre comme au sens figuré. Parce que la demoiselle avait un côté légèrement pyromane. Ca l’amusait de faire cramer ceci et cela. Elle s’attirait toujours les regards interloqués d’abord, furieux par la suite. Svetlana ricanait d’un air cynique quand elle voyait clairement le mot vandalisme clignoter dans le regard haineux d’un tiers quand elle faisait ça. Tout ce qu’elle pouvait faire, c’est ranger son briquet dans sa poche, jusqu’à la prochaine fois. Et en ce moment, il n’y avait personne. Juste quelques tableaux grincheux. Alors que faisait-elle, la poupée russe? Elle continuait de promener la flamme sur la pierre millénaire, la couvrant d’une fine pellicule noirâtre. Elle eut marre d’elle-même de cet amusement, et à la place, elle alla chercher dans la poche de son haut un paquet de cigarettes. Elle en extirpa une de la boîte en carton à moitié écrasée, puis elle l’alluma. Avec un soupir de bonheur, elle tira dessus une bouffée et appuya sa tête contre le mur qu’à l’instant elle était encore en train de martyriser.

    Quoiqu’il en soit, sur son banc de pierre, quelque part entre les étages, Svetlana était bien seule. Avec sa cigarette. Elle n’avait que ce réconfort. A dire vrai, elle ne pouvait même pas se vanter d’écouter la conversation des tableaux. Il y avait toujours ce silence, ce putain de silence. Un silence obsédant, latent. Un silence de mort. Elle était passée de l’autre côté, dans un monde à part. Svetlana s’était toujours dit qu’on pouvait vivre sans un sens. Erreur. Vivre sans, c’était inimaginable. Svetlana regrettait amèrement d’avoir perdu l’ouïe. Une perte totale, qui de plus est. Ce qui signifiait plus de musique. Jamais plus elle ne jouerait au piano. Même si elle n’avait jamais eu envie d’y jouer. Plus que jamais, la jeune femme avait envie d’effleurer les touches d’ivoire et d’ébène de l’instrument, entendre les notes sautiller dans la pièce alors qu’elle appuyait doucement sur la touche pour émettre un léger son. Un son presque aussi pur que celui d’un cristal. Svetlana avait envie de jouer. Parce que la musique adoucit presque toujours les mœurs. Mais à dire vrai, elle n’entendait plus rien. Plus de musique. Plus le murmure des conversations. Plus rien, le Néant. Un gouffre béant, semblable à la mort. Mort qu’elle était en train d’inhaler présentement. Respirant la fumée âcre chargée de goudron et autres acides qui fichent en l’air la santé et qu’on fume par plaisir. Mais Svetlana le faisait quand même. On avait beau dire que fumer tue, ça n’empêchait pas la jolie russe de porter le morceau de mort à ses lèvres, et d’exalter en aspirant la fumée nocive. La sulfureuse Serpentarde avait l’air en cet instant d’une poupée brisée, qui avait l’air de se complaire dans la dépravation et les paradis artificiels si chers à Baudelaire. Mieux encore, sa cravate d’uniforme était relâchée autour de son cou, elle avait ouvert le vêtement sur plusieurs boutons, laissant voir un soutien-gorge d’un rouge vif. Comme un pied de nez à l’innocence, ses cheveux blonds étaient rassemblés en deux adorables tresses, ses yeux verts étaient soulignés par un mince trait de khôl. La blonde était perdue dans ses pensées.

    Mais d’un côté, ce n’était guère étonnant. Svetlana était souvent défoncée, ailleurs. Quand elle était lucide, il y avait cet éclat de provocation dans le regard, cette lueur, ce petit quelque chose qui incitait au défi. Présentement, la jeune russe n’était rien du tout, juste une enveloppe charnelle, qui vivait tout juste pour actionner son bras, de façon à ce qu’elle puisse fumer sa cigarette. Sa tenue vestimentaire frôlant presque l’indécence. Mais elle n’avait rien fait exprès, pour une fois. Elle ne faisait que de porter l’uniforme. Et sans élégance, elle était affalée sur le banc de pierre, comme une vulgaire poupée de chiffon. Ca se voyait que Svetlana n’était pas en bonne santé. De fins cernes encerclaient ses yeux clairs, résultats de longues nuits d’insomnie. Ses traits s’étaient amaigris, son teint avait pâli. Le fait qu’elle se fume et se défonce à l’occasion n’était pas pour arranger les choses, bien au contraire. Svetlana était fatiguée. Elle avait maigri, depuis les attentats. Elle avait pris quelques maigreurs. Par exemple, ses côtes se voyaient un peu plus que d’ordinaire. Ses épaules étaient maigres, et ses pantalons ne lui allaient plus parce qu’elle n’avait plus de hanches. Pour arranger le problème, elle ne mangeait pas grand-chose. A la base, elle était végétarienne. Non pas par conviction, mais parce qu’elle n’aimait pas la viande. Alors forcément, elle payait au niveau des carences et tout ce qui s’en suit. La demoiselle acheva sa cigarette, et la fit disparaître à l’aide de sa baguette magique. Elle rejeta la tête en arrière, et ferma les yeux, s’appuyant contre le mur. La tête lui tournait très légèrement, elle sentait qu’elle était en train de faire une crise d’hypoglycémie. Alors elle se redressa. Elle fouilla dans son sac, sagement posé à côté d’elle. Et en sortit une barre de céréales. Au chocolat. Svetlana garda la friandise dans ses mains, et la regarda fixement. Avant de défaire machinalement l’emballage fait de plastique et de papier, et elle mordit dans la barre chocolatée, soupirant de bonheur. En réalité, ça faisait deux jours qu’elle n’avait pas mangé grand-chose. Pas envie. Puis aussi parce qu’elle ne ressentait pas la faim. La jeune russe partit en quête d’une deuxième barre, et en trouva deux autres dans son sac. Alors, elle mangea, se délectant du goût du chocolat, retrouvant quelques forces. Les papiers des barres chocolatées se retrouvant sur le banc, à côté d’elle. Une fois qu’elle eut terminé, elle esquissa une moue frustrée de ne plus avoir de sucreries à manger. Alors, machinalement, elle prit la dernière cigarette dont elle disposait, et à nouveau, elle se noya dans la brume âcre, ses yeux rivés sur un point quelque part devant elle.


[Désolée mon Momo, c'est pas terrible-terrible, mais j'ai voulu tenter quelque chose. Entre autres.]
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Morgan S. McWrath

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MessageSujet: Re: Si seulement j'avais pu y foutre le feu ••• Morgan   Si seulement j'avais pu y foutre le feu ••• Morgan EmptyMar 14 Juil - 19:30

    Quelque chose n’allait pas dans l’univers, ou peut-être était-ce simplement lui qui marchait de travers. Une mélodie lui trottait dans la tête depuis des semaines, et son refrain lancinant lui donnait mal à la tête. Wrong. Wrong. Le mot tournait et tournait encore entre ses oreilles, et il ne parvenait pas à se mettre autre chose dans le crâne. Wrong. Wrong. Peut-être était-ce ce mot qui, gravé dans son âme, définissait toute sa vie. Peut-être l’avait-il toujours entendu, mais que son écho se faisait de plus en plus fort, à mesure qu’il avançait dans le temps. Morgan finirait sans doute sourd à tout autre chose. Cette bête chanson, il l’avait entendu sur la radio moldu. Il ne supportait pas d’entendre tous ces sorciers brailler des chansons sans queue ni tête. Il se demandait souvent par quel hasard il en était devenu un : il ne se voyait pourtant pas grande affinité avec ses camarades, encore moins avec sa baguette, planqué en cet instant dans l’éternel bordel sous son lit. Cela faisait des lustres qu’il ne l’avait plus amené avec lui en cours de sortilège, s’attirant les foudres de son professeur. Non pas qu’il n’aimait pas jeter des sorts et marmonner des incantations plus incompréhensibles les unes que les autres, juste qu’il ne parvenait pas à s’intéresser à autre chose qu’à lui-même. De ce fait, il se trouvait bien plus proche du monde des simples humains, misérables et sans pouvoirs, que de celui de la magie. Quoique… Il était peut-être un peu trop dérangé pour se promener sans risques parmi les moldus. Un rire sans joie traversa le rempart de ses lèvres, et il tira sur la cigarette qui pendait lamentablement à sa bouche. La fumée envahit son palais, sa gorge, et une toux sèche le prit. Fumer tuait. Mais ne vivait-on pas pour mourir justement ? Alors quelle importance que ce soit par la cigarette ou écrasé par la vieillesse. Le poing sur les lèvres, il se redressa, les yeux plissés. Une brise repoussa les rideaux de la chambre, et il s’écarta de la fenêtre à laquelle il s’appuyait depuis ces dernières heures. Le dortoir était désert, et le silence qui y régnait était le bruit le plus doux aux oreilles de Morgan. Il sourit, avant de rejoindre son lit. Sa main en parcouru le matelas vierge de draps, et il soupira.

    Sa vie, il la parcourait sans vraiment savoir où il allait. D’ailleurs, il doutait qu’un endroit sur cette terre, quel qu’en soit le monde, soit réellement fait pour lui. A part peut-être Sainte Mangouste, cela allait de soi. Alors pourquoi cette sensation de vide, puisqu’il était persuadé que, de toute façon, jamais rien ne pourrait le remplir ? Un sourire fugace passa sur ses lèvres. Sans doute le serdaigle aimait il trop les questions sans réponses. Les questions qui ne se posaient pas même : celles dont les réponses étaient si évidentes qu’on ne parvenait jamais à les énoncer clairement. Mais pour un esprit tordu tel que le sien, c’était presque un plaisir de se torturer ainsi l’esprit. Et le corps, peut-être aussi. Cette cigarette par exemple, qu’il retenait prisonnière de son index et de son majeur, était son prédateur le plus féroce. Celui qui le pourchassait sans relâche, ne lui laissant aucun répit. Vorace, il le dévorait à petit feu, se délectant de la souffrance et des ravages qu’il lui infligeait sous le sceau du secret. La drogue était celui qui ne le touchait pas, celui dont les charmes ne l’atteignaient pas. La drogue était trompeuse, et l’extase vers lequel elle menait lui faisait peur. Ce n’était pas le risque d’overdose, la souffrance qu’elle procurait qui l’effrayait : c’était bel et bien ce plaisir inconcevable pour ceux qui ne l’avait jamais atteint. Ce prédateur là, il ne le laissait pas l’approcher. Il inspira une nouvelle foie la fumée empoisonnée, avant d’expirer lentement, avec délectation, appréciant la saveur chaude et doucereuse de la cigarette. Morgan ferma les yeux un instant, et se laissa tomber sur le matelas. Sa tête heurta le mur, comme il l’avait prévu, et la douleur le fit presque perdre ses esprits. Mais au lieu des cris que tout le monde aurait attendu, il ne fit que rire. Le rire du dément qu’il était. Un soupir, un sourire. Son rire se noyait déjà dans sa mélancolie permanente. Une odeur de brûlé lui parvint soudain, trop tard pour empêcher le matelas de brûler sous le bout incandescent de la cigarette. Il balaya de son regard morne les dommages, avant que son attention ne s’en détourne. L’ennui sans doute, le tuerait le premier : avant la folie, avant la solitude, avant la cigarette, avant tout. Avant sa propre vie même. Il se redressa brusquement. Tout sauf cela. Tout sauf crever d’ennui. Il espérait que quelque chose de plus noble l’attendait, aussi peu méritant soit-il. Après tout, n’avait-il pas nourri un amour contre nature pour sa sœur ? N’était-il pas un être abject et dégoûtant ? Si, bien sûr que si. Terminant de brûler le matelas en y écrasant sa cigarette, il se releva avant de jeter le mégot par la fenêtre ouverte. Mais où aller et que faire ? Sa propre solitude l’aurait fait rire aux larmes s’il l’avait pu, mais en cet instant précis, il n’avait pas envie de rire, encore moins de pleurer. Ses cheveux étaient en désordre, sa cravate pendait lamentablement sur son dos, rejetée sur son épaule. Sa chemise blanche était déboutonnée à outrance. S’il croisait un professeur dans cette tenue, il écoperait sans aucun doute d’une sanction. Mais il s’en fichait, comme il se fichait en permanence de tout. Il enfoui au plus profond de sa poche gauche son paquet, si précieux, de cigarettes, avant de quitter la pièce sans un regard en arrière. Quant à aller à droite, à gauche, voire peut-être prendre le couloir en face de sa salle commune… peu lui importait. Il descendait de sa tour en aveugle, connaissant de toute façon les murs et les dalles comme sa poche. Il s’était depuis longtemps lassé de ce château et de tout ceux qu’il abritait. Oh ! Certains faisaient encore exceptions… mais il doutait de se les attacher encore longtemps. Il était trop… trop lui-même pour pouvoir se vanter d’être aimé. Et pourtant, comme tout le monde, n’était-ce pas ce qu’il cherchait corps et âme ? L’amour. L’amitié. Tous ces sentiments plus dégoulinants les uns que les autres, et qui pourtant nous collaient à la peau. L’homme était décidément une créature bien compliquée.

    Une odeur de fumée lui parvint, alors qu’il déambulait dans les couloirs. Pas un bruit pourtant, ne trahissait la présence d’un intrus. Les couloirs étaient étonnement désert, pour son plus grand bonheur. Il s’arrêta un instant, pesant le pour et le contre d’une rencontre, même brève. Les gens ne lui réussissaient pas. Les regards qu’on lui lançait, apeurés ou dégoûtés, ne le touchaient plus depuis longtemps. Néanmoins, il n’était jamais agréable de se sentir épié, où que l’on aille. Pourtant, à moins de faire demi-tour, il n’avait pas d’autres choix que de passer devant celui ou celle qu’il ne voyait pas encore. En réprimant un soupir, il reprit son errance et s’arrêta net lorsqu’il découvrit, au détour du couloir, le visage de Svetlana. Sa gorge se serra, comme elle le faisait à chaque fois, lorsqu’il la voyait, lui parlait, la touchait. Il aurait été bien en peine de décrire ses sentiments pour la jeune fille. Tout ce dont il était sûr, c’est que s’il la désirait, ce n’était pas pour son corps, mais bel et bien pour son esprit, pour tout ce qu’elle était. D’autres l’auraient baptisés « petite sœur » à sa place, lui, dans son cœur, ne lui donnait pas de nom, ne la plaçait dans aucune case. Elle avait la sienne propre, quelque part entre les pieds et la tête, et dieu, c’est qu’elle en prenait de la place. Morgan vint se placer en face d’elle, son regard suivant la cigarette qu’elle portait à sa bouche. L’envie de l’imiter monta violemment, mais il se contint et se contenta de s’asseoir sur le sol, se laissant lentement glisser le long du mur de pierre froide. Pas un mot ne lui venait aux lèvres, alors il se contentait de la regarder avec intensité, comme si chacun de ses gestes avaient une importance cruciale, ce qui pour lui, était certainement le cas. Il sortit finalement son paquet de cigarette de sa poche, en prit une au hasard et sans l’allumer, la glissa entre ses lèvres. Le seul bruit audible alors était celui du paquet qu’il malmenait en le rangeant vivement.

    c'était parfait ma Svety ♥ (:


Dernière édition par Morgan S. McWrath le Sam 18 Juil - 0:45, édité 1 fois
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Svetlana R. Vasilyevna
Svetlana V. ;What happened to the revolution?
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MessageSujet: Re: Si seulement j'avais pu y foutre le feu ••• Morgan   Si seulement j'avais pu y foutre le feu ••• Morgan EmptyJeu 16 Juil - 18:31

    L’esprit était quelque chose de vraiment curieux. Trop lucide, c’était ennuyeux, trop lisse, sans surprises. Défaillant, c’était presque un coup à faire peur. Mais pour sûr que c’était intéressant. Svetlana divaguait. Elle laissait ses pensées défiler comme un train lancé à pleine vitesse sur ses rails. Un train sans destination précise, sans escale prédéfinie. Il s’arrêtait n’importe où, n’importe comment. Mais on ne l’interdira pas de défiler. Le train en question n’était pas concerné par la vitesse réglementaire. Il pouvait faire un excès de lenteur sans qu’on ne le sanctionne pour ça. Elle était libre, et ça, on ne le lui enlèvera pas. Sa vie pouvait être régie par des tonnes de règlements tous aussi débiles les uns que les autres, elle ne prendra pas la forme du moule pour autant. Svetlana Vasilyevna restera elle-même quoiqu’il arrive. Il y a une phrase que Svetlana avait lue il y a longtemps, et qui avait un tant soit peu attiré son esprit avide de belles phrases et de beaux textes. Cette phrase disait quelque chose qui ressemblait fort à Vous êtes nés originaux, ne mourez pas copies. Et cette phrase résumait absolument bien l’esprit compliqué et contradictoire -trop, parfois- de la jeune femme. C’est vrai, ça. Chacun a sa propre personnalité, sa propre histoire. Même celui qui est à priori banal comme pas deux. Mais voilà, il y a des règles, des règles, encore des règles qui façonnent dès le plus jeune âge les gens, les faisant obéir à des stéréotypes aussi grotesques les uns que les autres, au nom d’une harmonie. Ceux qui ne rentraient pas dans le rang étaient comme reclus, considérés comme des parias. Svetlana préférait être une paria plutôt qu’un stéréotype. La Vasilyevna était en train de fumer dans les couloirs de Poudlard alors qu’elle n’en avait pas le droit. Et alors? C’Est-ce qui va la faire arrêter, peut-être? Certainement pas. Ce n’étaient pas les vieux fous à la tête de l’école qui vont faire la loi. Elle pouvait se faire prendre. Eh bien, ça ne l’empêchera pas de recommencer. La Vasilyevna se considérait comme étant libre. Elle était largement majeure, donc responsable de ses actes. Et ça ne serait qu’indécence et cruauté que de la priver de son petit plaisir que constituait ce générateur de mort.

    Mais il n’y avait rien. Juste elle, en tête à tête avec elle-même, pas d’âme qui vive à l’horizon. Ils étaient tous dans des lieux pouvant paraître normaux, et non pas en train de fumer dans un couloir désert et sombre. Svetlana déjà était à part. Pour la simple et bonne raison qu’elle était devenue sourde, et petit à petit, elle perdait le fil de la réalité. Il fallait dire que sa consommation excessive de tabac, de drogues et d’alcool n’étaient pas là pour arranger la chose. Le regard scandalisé d’Elizaveta, sa mère, s’invita dans son esprit, image nette et distincte. Elizaveta qui râlait parce qu’elle était une jeune fille en fleur, épanouie, belle, et qu’elle était actuellement en train de ruiner tout ça avec ses cochonneries. Bah. Mourir ne faisait pas peur à la Serpentard. De toute façon, on devait tous y passer, que ce soit dans cinq minutes ou dans dix ans. C’était certes dommage pour celui qui mourrait, mais de toute façon fallait s’y faire. La mort est la condition sine qua non à la vie. La Faucheuse pouvait se décider à venir chercher Svetlana demain. Cette dernière l’attendrait bras grands ouverts. L’air légèrement absent, la russe tirait machinalement quelques bouffées sur sa cigarette, se raccrochant à ça comme à un radeau de sauvetage. Là où tout le monde était susceptible de la laisser tomber pour un oui ou pour un non -les indignes! - la cigarette & la drogue resteraient ses seules amies. Tu parles d’amis. C’étaient clairement des faux amis. Certes ça faisait du bien, mais ils étaient adeptes des coups de poignards dans le dos. A court terme ils offrent du réconfort, à long terme ils offrent la mort. Une lame à double tranchant, en fin de compte. Se faire mal c’était tentant. Mais à croire que la jeune russe n’était pas assez courageuse, ou lâche, c’est selon. Svetlana s’en foutait de souffrir. Elle pourrait fort bien s’écraser la cigarette sur sa peau pâle que ça ne la chagrinerait même pas. Elle avait trop souffert mentalement pour qu’elle puisse se permettre une nouvelle déchirure, entendre son cœur exploser en mille morceaux. La douleur physique ce n’était que de la bagatelle.

    La Russe se faisait déjà assez mal comme ça en zappant volontairement des repas. En consommant à jeun certaines drogues noyées dans l’alcool. Svetlana était trop dépendante à tout ça pour pouvoir s’en détacher. Elle détestait particulièrement les périodes de descente. C’était long, atroce. Très vite, le manque s’installait. Et ne cessait de harceler que quand il avait obtenu satisfaction. La drogue. Encore et toujours. C’était un cercle vicieux tout ça. Mais quand on le faisait remarquer à la Serpentard, cela lui entraînait toujours un sourire en coin narquois ou un haussement de sourcil perplexe. L’indifférence des plus totales jusqu’au léger cynisme. Svetlana n’était pas de ceux qu’on menait à la baguette. Elle était encore moins de ceux qui suivaient aveuglément les préceptes débiles qu’on tentait d’instaurer pour mater les adolescents débiles aux hormones bouillonnantes. Ou les gamins insouciants qui craignaient tout et tout le monde. Croyez vous pourquoi les règles marchent si bien pour les gamins? Parce qu’ils sont facilement impressionnables et gobent tout ce qu’il se dit. Il y en a qui savaient en revanche réfléchir. Qui se disaient que les règles, c’est du pipeau. Ce n’était que l’idée d’un individu pour mieux régner sur une dizaine d’autres. L’effet dictature qu’on appelle ça, même. Croyez vous pourquoi Svetlana était actuellement aussi indécemment vêtue? C’est sûr que Gallner ou tout autre crétin qui régissait Poudlard crierait à l’indécence en voyant le sous-vêtement affriolant de la jeune femme par sa chemise qu’elle avait à peine boutonnée, sa cravate qui allait définitivement foutre le camp. Mais elle ne foutra pas le camp si quelqu’un rapplique. Elle continuera à tirer sur sa clope, continuera à noircir les pierres des murs avec son briquet si cela lui chante. Elle trouvait le temps long et elle voulait tuer l’ennui. A chacun sa façon, Svetlana, elle, était en train d’appliquer la sienne.

    Alors elle attendait. Toujours prisonnière de son monde de silence, une surdité qui peinait à s’en aller. On l’avait pourtant prévenue. C’était soit temporaire, soit définitif. Elle priait de toutes les fibres de son corps que ce soit temporaire. Elle ne voulait pas se retrouver dans ce drôle de monde toute sa vie. Elle était déjà à moitié morte, elle priait pour qu’on vienne l’achever. Elle s’ennuyait, bon sang! Ses entrailles se nouaient à cause de l’anxiété. La Serpentard se sentait bien seule dans un endroit où les gens étaient pourtant légion. Une école? Voilà qui appelait immédiatement à la notion de copain et de copine. Un endroit où dans l’esprit des gens les rencontres florissaient. Mais c’était sans compter les originaux. Les parias dont on parlait tout à l’heure. Eux étaient toujours seuls. Et il y avait ceux qui avaient leur cour habituellement, et qui souhaitaient s’isoler. Comme c’était le cas pour elle présentement. Elle ne souhaitait pas nécessairement la compagnie. Après elle ne cracherait pas sur la première personne qui se présenterait à elle pour venir engager la conversation. Elle n’était pas en mesure d’entendre les pas résonner dans les sombres vestibules, ainsi, s’il y avait quelqu’un qui venait à sa rencontre elle ne le verrait qu’une fois arrivé à sa hauteur. La Serpentard termina sa cigarette, et l’écrasa sur le banc en pierre à côté d’elle. Jetant négligemment le mégot parmi les papiers de barre chocolatées qu’elle avait mangées. Les seuls trucs dont elle s’était nourrie depuis des jours. Et elle enchaîna sur une autre cigarette. Ca pouvait continuer comme ça pendant longtemps. Elle n’arrêtait que quand elle avait envie.

    Une silhouette s’invita dans son champ de vision, pour finir en face d’elle. Un léger sourire étira les lèvres de la vert et argent, alors qu’elle voyait Morgan. Elle ne s’attachait pas vraiment aux gens, mais quand elle le faisait elle ne le faisait pas à moitié. Et justement, ce qu’elle entretenait avec Morgan était bien au-delà des mots, au-delà du descriptible. Il était à la fois tout et rien. Tout parce qu’il prenait vraiment beaucoup de place dans son univers décalé et dérangé, et rien parce qu’elle ne savait vraiment pas comment le définir, comment le nommer. Il était vraiment spécial à ses yeux. Le couloir était assez exigu, et Morgan vint s’asseoir en face d’elle, alors qu’elle était toujours perchée sur son banc, parmi ses emballages de barres chocolatées vides. Il la dévisageait, et elle aussi. Des fois, elle avait l’impression qu’ils se comprenaient en un regard, et d’autres fois, ils étaient aux antipodes l’un de l’autre. Tout ou rien. Absolu et relatif. Des mots qui pourraient éventuellement les décrire, mais qui seraient bien loin de la réalité. Elle le vit sortir à son tour une cigarette, et un moment, elle fuma en sa compagnie. Sa simple présence suffisait à l’apaiser, à avoir peut être des idées moins pessimistes. Elle avait certes ses périodes de bas, de hauts, aussi, mais en ce moment, elle était plus dans le bas que le haut. Elle en avait marre de ces humeurs variables mais elle n’y pouvait rien. Elle vivait comme elle devait vivre et puis c’est tout.

    Elle tira une bouffée supplémentaire sur sa clope. Son regard naviguant de Morgan au mur où il s’était appuyé, aux papiers à côté d’elle, à son sac, pour revenir à Morgan, qu’elle étudia un moment. Un léger sourire se dessina à nouveau sur les lèvres de la Serpentard, et elle se leva. Elle s’adossa elle aussi au mur, juste à côté du Serdaigle. Elle appuya sa tête contre le mur, avant de murmurer d’une voix blasée et légèrement rauque:

    « -C’est nul comme endroit, tu trouves pas? Je le trouve encore plus nul que je ne peux pas entendre ce que ces foutus tableaux disent entre eux. Si ça se trouve, ils doivent râler contre nous et le pire c’est que je les entends même pas. Ca m’aurait amusée pourtant. »

    Dans sa voix, il y avait comme de l’amertume et des regrets. Elle soupira lourdement. Elle ne pouvait pas vraiment dire qu’elle avait des regrets à longueur de journée. Elle avait encore moins de remords. Mais comparés à sa situation du moment, ses lubies ponctuelles étaient pour sûr bien dérisoires.
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Morgan S. McWrath

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MessageSujet: Re: Si seulement j'avais pu y foutre le feu ••• Morgan   Si seulement j'avais pu y foutre le feu ••• Morgan EmptyJeu 23 Juil - 16:31

    Il ne tint pas plus de quelques secondes avant de sortir son briquet, pour allumer sa cigarette. Un petit éclair de lumière jaillit dans le couloir obscur, et s’éteint aussi rapidement qu’il était apparu. Morgan inspira profondément, fermant les yeux un instant pour mieux apprécier le goût âcre de la fumée qui se répandait dans sa bouche, caressait son palais, comme la langue d’un amant. Un sourire en coin vint orner ses lèvres un instant, et disparu à son tour, comme la lumière quelques minutes auparavant. Il ne souriait pas beaucoup, et lorsqu’il le faisait, c’était souvent un de ses sourires tordus qu’il affectionnait tant, et qui en effrayait plus d’un, tant il semblait la preuve vivante du manque de raison du jeune homme. Morgan ne l’avait jamais démenti, préférant qu’on le laisse en paix, acceptant les regards de mépris qu’on lui lançait parfois. S’il semblait ne pas se soucier du regard des autres, ce n’était pas par fanfaronnade, mais bel et bien par manque d’intérêt : s’il devait changer pour se faire apprécier de tous, alors à quoi bon ? Il ne pouvait pas changer, il était né de travers, et il mourrait de travers. Il croyait dur comme fer à la fatalité, et n’avait jamais tenté de se débattre : sans doute n’avait-il pas encore trouvé d’assez bonnes raisons pour le faire, lui si parcimonieux dans le partage de son affection. Il faut dire qu’il était encore loin d’accorder toute sa confiance à son entourage. Il voyait des pièges et des pensées malfaisantes un peu partout, chez lui en premier lieu. Mais après tout, puisque tout autour de lui était pourri, pourquoi ne pas l’être également ? Lui l’incestueux, qui avait aimé sa sœur et son corps, comment pouvait-il prétendre au bonheur et à la gentillesse ? Ces mots même le faisaient bien rire, ces mots qu’il aurait fait rimer avec hypocrisie plus facilement qu’avec bonté. Il se prenait parfois à rêver que tout aurait pu être différent, et il se surprenait à commencer toutes ses phrases par un « si » utopique. Il détestait ces moments : il avait l’impression de se perdre dans un espoir inutile, et ne comprenait pas vraiment pourquoi son inconscient s’échinait encore à le mener vers ce chemin. Après tout, il se complaisait dans son malheur et dans sa méchanceté, alors pourquoi espérer autre chose, et surtout regretter le passé ? Puisque rien ne pouvait plus être changé, autant se contenter de ce qu’il avait aujourd’hui, de ce caractère un peu bizarre qu’il ne comprenait pas lui-même, de ces sourires tordus et de ses regards morts et vivants à la fois. Et de cette fille là, en face de lui, celle qui l’amenait à douter du bien fondé de ses propres certitudes. Elle ne le savait pas bien sûr : Svetlana était aussi paumée que lui, à sa manière. Elle était aussi provocatrice qu’il était indifférent. Il n’aurait su dire exactement comment et quand cette relation étrange et simple avait commencé. Il faut croire qu’ils s’étaient bien trouvé, puisqu’il lui était vite apparu qu’il ne pourrait plus se passer d’elle, et de sa façon bien à elle d’être tordue.

    Souvent, il aurait voulu tendre le bras et toucher la chevelure blonde de cette petite russe qui le fascinait autant qu’il l’aimait. Elle avait ce don de serrer son cœur et sa gorge d’une façon bien particulière : ce n’était pas exactement les mêmes réactions qu’il avait connu avec sa sœur, mais elles s’en approchaient tant qu’il ne pouvait qu’être profondément troublé. La serpentard lui faisait peur, parce qu’elle éveillait ces sentiments interdits qu’il avait enfoui en espérant ne jamais avoir à les connaître. Ils n’étaient pourtant pas liés par le sang, mais il ne pouvait empêcher la culpabilité de l’envahir, chaque fois qu’il croisait le regard de la jeune fille et que sa tête lui criait qu’il l’aimait. Comme une sœur bien sûr, comme une créature fragile qu’il se devait de protéger. Il ne l’aimait pas comme un amant, il ne pourrait sans doute jamais l’aimer ainsi tant il avait pris l’habitude de l’appeler « petite sœur », chaque fois qu’il pensait à elle. Néanmoins il avait peur que tout recommence : il avait peur de voir renaître ce désir malsain, ce désir qui ne pouvait que détruire. Et lorsque cette peur se faisait trop prégnante, il ne pouvait que s’éloigner, qu’éviter de la croiser, de la toucher, de la regarder même. Et durant ces longs moments où il s’interdisait tout contact, il aurait pu s’ouvrir la poitrine et se lacérer le cœur qu’il n’en aurait pas plus souffert. Alors tant qu’il s’en trouvait la force, il se repaissait de son visage et de chacun de ses gestes. Lorsqu’elle se leva, il la suivit du regard, jusqu’à ses côtés, où elle vint s’asseoir sans un mot. Il la quitta un instant des yeux, s’adossant à son tour au mur qui les soutenait à présent tous les deux. Morgan aurait pu rester ainsi pour toujours, incapable de savoir ce qu’il aurait pu souhaiter de plus que la présence de cette petite sœur de cœur, qu’il comprenait sans doute mieux que lui-même.

    « C’est nul comme endroit, tu trouves pas ? Je le trouve encore plus nul que je ne peux pas entendre ce que ces foutus tableaux disent entre eux. Si ça se trouve, ils doivent râler contre nous et le pire c’est que je les entends même pas. Ca m’aurait amusée pourtant. »

    Morgan ne répondit pas, sachant pertinemment qu’elle n’attendait pas vraiment de réponse. Il savait aussi qu’elle ne l’entendrait pas, quoiqu’il dise, aussi se contentait-il de regarder droit devant lui, dressant l’oreille pour attraper quelques bribes des mots échangés par les tableaux alentours. Il sourit lorsqu’il se rendit compte qu’en effet, ils étaient particulièrement contrariés par leur façon de se tenir, par l’état de leurs uniformes et surtout, comme ils étaient incommodés par leurs cigarettes. La plupart de ces sorciers n’avaient jamais entendus parler de la nicotine et autres joyeuses drogues typiquement moldus, et criaient haut et fort à l’abomination. Morgan se dit qu’ils seraient sans doute beaucoup moins gênés s’ils avaient eux aussi goûté à ce plaisir coupable. Il se redressa pour se placer devant Svetlana, son sourire un peu bizarre toujours accroché à ses lèvres. Ses mains reboutonnèrent sa chemise, et remirent en place la cravate qui disparaissait derrière l’épaule de la jeune femme. Il soupira, comme satisfait, avant de reculer jusqu’à pouvoir s’asseoir sur le mur opposé, face à la Serpentard, ses yeux ne la quittant toujours pas.

    « Non, je ne trouve pas. Plus maintenant. » Laissa-t-il finalement échapper. « Est-ce que ça t’amuses tant de voir les autres appuyer tout ce que tu penses déjà de toi ? Etre aussi masochiste ne devrait pas être autorisé. »
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Svetlana R. Vasilyevna
Svetlana V. ;What happened to the revolution?
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MessageSujet: Re: Si seulement j'avais pu y foutre le feu ••• Morgan   Si seulement j'avais pu y foutre le feu ••• Morgan EmptyJeu 13 Aoû - 15:24



    L’odeur de la clope avait plus tendance à la réconforter que l’écoeurer. Elle savait que certaines personnes ne supportaient pas cette odeur, mais pas Svetlana. Elle trouvait cela bon, confortable, rassurant, quelque part. Comme pour lui rappeler que le temps qu’elle fumait, elle oubliait le reste, même si elle se faisait bouffer chaque fois un peu plus de vie à chaque cigarette allumée. Et maintenant que Morgan était là, ils fumaient tous les deux, en silence, sans nécessairement se parler. La Vasilyevna se focalisait sur ce qui actuellement lui écorchait les poumons et lassa échapper un râle de plaisir. Elle posa son regard clair sur le visage du Serdaigle, et le regarda sourire. Elle ne lui avait jamais dit, mais elle aimait le voir sourire. C’était tellement rare, c’était vrai. Mais il était tellement mieux quand il souriait. Comme à chacun, supposait-elle. Il avait l’air plus humain, moins…Elle n’arrivait pas à mettre de mots sur son impression. Mais actuellement, elle avait envie de dessiner du bout des doigts ce sourire. Afin de mieux le graver dans sa mémoire. La russe n’éprouvait généralement pas de compassion pour les autres. Mais quand elle voyait le visage de Morgan, fermé et torturé, son cœur se fendait de part en part. C’était peut être ça qu’on ressentait quand on aimait quelqu’un. Le voir malheureux était insoutenable. Elle aurait donné cher pour pouvoir savoir ce qui le hantait tellement. Pourquoi il était comme ça avec elle et pas une autre. Elle aurait tellement voulu prendre son visage entre ses mains, en dessiner chaque contour, savourer du bout des doigts chaque plein et chaque délié, pour le rassurer, l’apaiser. Mais elle se faisait violence, parce que montrer ce genre de marques d’affection, même avec quelqu’un dont elle était très proche, n’était pas dans ses habitudes. Elle pouvait avoir le regard fuyant en sa présence, mais ce n’était pas à cause de la peur. Elle voyait des fois son regard dur, son air hostile. Elle se sentait rejetée par moments et son cœur saignait. Elle voulait comprendre. Mais comprendre reviendrait à essayer de comprendre l’énigme que représentait Morgan. Ca l’aiderait sûrement de savoir, elle pourra s’adapter en fonction, afin de pouvoir le ramener à sa paix intérieure, mais comme elle ne savait pas quelle était la source du problème, elle ne pouvait pas l’aider, ayant l’impression d’être inefficace. Le regard de la jeune russe semblait le supplier. Dis moi ce qui ne va pas. Je n’aime pas te voir comme ça. Mais peut-être qu’elle se faisait des films tout compte fait. Parce que si ça se trouve, Morgan allait bien. C’est juste elle qui voit tout en noir, et donc, par extension, les autres voient aussi tout en noir. Le cœur de Svetlana se serra face à tant de pessimisme, mais elle n’y pouvait rien. C’était une partie de sa personnalité, et rien ne pourra lui enlever. C’est à croire qu’elle est masochiste, en fait. Le pire dans tout ça, c’est qu’elle ne s’en cachait pas. Du tout, même.

    Parce que oui, Svetlana était masochiste. Elle avait mal, et elle semblait se complaire dans cette douleur quasi constante. Ce n’était pas son corps qui pourrissait. C’était ce qu’elle avait à l’intérieur qui se révélait au grand jour, seul responsable de son mal-être quasi constant. Elle ne savait pas trop ce qu’elle faisait en ce moment. Elle oscillait d’un état à un autre, de la plus grande des euphories à la détresse la plus profonde. La drogue forcément n’aidait pas. Mais elle avait besoin de cela. Elle avait déjà ressenti le manque. C’était horrible. Alors, elle continuait. S’assurait de ne jamais rien manquer. En ce moment, elle était presque tout le temps défoncée. Mais ça faisait un petit moment qu’elle n’avait rien pris. Un jour. Peut-être deux. Peut-être était-ce pour ça qu’elle se sentait si misérable. Si inutile. La descente était toujours douloureuse. Elle se surprenait à trembler, à manifester de l’anxiété, de l’agressivité. Elle se mordilla anxieusement l’ongle du petit doigt, comme elle le faisait toujours. L’angoisse commençait à se répandre en elle, et tout à coup les murs lui parurent plus proches. Ou alors, c’était la présence de Morgan qui « emplissait » les lieux, les faisant paraître moitié moins vite. Ah non! Elle ne se la jouait pas claustrophobe quand même? Svetlana avait développé cette psychose quand elle s’était retrouvée coincée sous les décombre, le foutu jour où elle perdit l’ouie, son monde basculant. Elle était persuadée que c’était depuis ce jour que tout foutait le camp, que plus rien n’allait. Elle se mordilla la lèvre inférieure, alors qu’elle avait ramené ses jambes sur elle, comme pour se protéger d’un danger qui n’existait pas. Le seul danger, ici, c’était elle-même. Elle aurait voulu se serrer contre Morgan, chercher du réconfort dans son étreinte rassurante, s’apaiser grâce à sa chaleur, son odeur qu’elle aimait tant. Comme n’importe quelle petite sœur se serait réfugiée dans les bras de son grand frère quand tout allait mal. Mais encore une fois, la russe se contentait de rester passive, d’attendre qu’elle se calme. Persuadée une fois de plus qu’elle n’avait besoin de personne pour s’en sortir, alors qu’à chaque seconde supplémentaire qui s’écoulait, les effets du manque se faisaient ressentir un peu plus. Elle ignorait si Morgan savait pour son problème de drogue. Ce n’était pas le genre de chose dont elle se vantait. Parce qu’il n’y avait vraiment pas de quoi être fier d’avoir recours à la poudre blanche pour s’exploser le cerveau et aller voir les étoiles. Pour cela, il y avait la tour d’astronomie, après tout, c’était là pour ça, non? La russe se mit à jouer pensivement avec la bague qu’elle avait à son majeur, les yeux rivés sur le sol. Elle avait la gorge serrée, son cœur battait plus vite. Elle avait envie de pleurer. Mais elle ne devait pas craquer. Elle pouvait bien attendre quelques heures avant de pouvoir profiter de tout ça.

    A tout hasard, son regard se posa à nouveau sur le profil impassible et pourtant parfait de Morgan, apparemment perdu dans ses pensées. Il était là et pas là en même temps. Son corps était bel et bien présent, mais son esprit était ailleurs. Tout comme Lana pouvait être dans la même situation. Elle perdait souvent pied avec la réalité ces temps ci. Une mèche de cheveux blonds tomba sur son visage blême, lui occultant la moitié du visage. Elle se cachait souvent derrière ses cheveux en ce moment, tout comme elle se renfermait inexorablement sur elle-même. Bon dieu. Y’a-t-il vraiment personne pour me sortir de cet enfer? Si, elle savait très bien de ce dont elle avait besoin. Mais elle ne devait peut-être ne pas trop y penser. Ainsi, pensait-elle, elle pourra repousser le manque, encore un peu. Elle le devait. Sauf si la situation devenait de plus en plus critique. Elle enroula une mèche de cheveux autour de son index, pensivement, toujours en regardant le profil de son frère de cœur. Il était en train d’écouter. Puis, il se leva. La russe fronça les sourcils. Elle tendit le bras pour attraper sa main, mais son bras retomba tout de suite.

    « -Non, reste! S’il te pla… »

    Elle n’acheva pas sa phrase. Il était revenu se mettre en face d’elle. Elle s’en voulut presque de soupirer de soulagement. Elle posa à nouveau son regard clair sur le Serdaigle, l’étudiant encore une fois, en silence. Aussi incroyable que cela puisse paraître, elle aimait cet être. Elle ne l’aimait pas comme on pouvait aimer un amoureux ou un amant, cela va de soi, c’était au-delà de cela. Au-delà aussi d’un amour strictement fraternel. Il était son tout. Son repère. L’étoile polaire. Si elle le perdait de vue, ça en serait fini d’elle. Elle souffrait déjà quand il la rejetait sans raison apparente. Mais il revenait tout le temps. Il était toujours là, à veiller sur elle. Il y avait peut être une personne valable dans ce monde, qui sait. Il était là. Il ne partirait pas. Svetlana respirait un peu mieux, même si son anxiété lui enserrait la gorge, comme un chat indésirable viendrait se frotter à elle, bondir sur elle, s’allonger sur son cœur, planter ses griffes dans sa chair. La lacérant à chaque mouvement. Lana avait peur. La violence de ses pensées lui faisait peur. Elle cherchait à se fuir. Mais la seule façon pour elle de fuir ce qu’elle était, c’était de se tuer. Alors, elle se tuait, à petit feu. S’enfonçant chaque jour qui passe dans la débauche. Elle appréciait s’octroyer un orgasme, mais à quoi bon si c’était pour ressentir le plus grand des désespoirs une fois que l’amant se soit endormi, et paisiblement, contrairement à elle qui ne trouvait jamais le sommeil? Elle aurait voulu s’endormir, pour une fois en paix. Et ne jamais se réveiller. Les lèvres de la jeune femme se mirent à trembler, alors qu’elle rejetait une fois de plus ses cheveux en arrière, agacée. Elle se laissait rhabiller par le Serdaigle. Merci…C’est qu’il faisait un peu froid ici… Elle frissonna. Une larme, une seule, s’échappa et roula sur sa joue. Elle l’essuya du bout des doigts, se tripotant anxieusement le visage du même coup. Quand les lèvres du jeune homme remuèrent. Il parlait. Et elle crut distinguer clairement le mot masochiste. Elle détourna le regard, et elle s’écria, la voix tremblante. Elle criait, parce qu’elle n’entendait pas ce qu’elle disait:

    «-Oui, j’suis masochiste! J’aime ça, souffrir. J’veux qu’on me fasse mal. Mais c’est lourd à la fin! Pourquoi je me sens parfois tellement fébrile, survoltée, alors que la seconde d’après j’ai envie de m’ouvrir les veines? J’peux pas. J’en peux plus. »

    Elle s’était promis de ne pas craquer. Elle n’a pas tenu sa promesse, encore une fois. Depuis quand elle tenait sa parole? Les larmes tombaient toutes seules sur ses joues amaigries. Elle sanglotait fort, laissant échapper toute la douleur accumulée ces derniers jours. Elle avait à nouveau étendu ses jambes devant elle, et elle avait enfoui son visage dans ses mains, mais tantôt elle laissait sa tête rebondir contre le mur, ses doigts s’agrippant aux dalles du sol. Elle regarda à nouveau Morgan, puis elle murmura:

    « -Je suis en manque, Morgan. J’ai besoin de ça. Tout de suite. T’en as pas, toi, hein? J’te jure que j’ai essayé de me contenir. Mais je peux pas. C’est trop fort. »

    Ca, c’était dit. Elle espérait que Morgan ne saisisse pas tout de suite ce à quoi elle faisait allusion. Même si une part d’elle souhaitait qu’il sache. Elle ne se voyait pas de but en blanc lui annoncer [i]bon, voilà, j’me drogue. » Tout ce qu’elle pouvait faire, en ce moment, c’est de pleurer. Elle n’était bonne qu’à ça de toute façon.
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