don't say it's over -Casey

Assis sur les premières marches de l'escalier majestueux s'élevant du grand hall, un jeune homme au regard sombre mais pensif toisait sans les voir ses camarades passant devant lui, se muant dans un brouahaha infernal. Dix-neuf heures avaient sonnés, annonçant les joies des prémices du dîner et donc l'ouverture des portes de la Grande Salle, savamment attendue par tous les élèves affamés et surtout exténués par leur journée de cours mortellement ennuyeuse. Mais une fois de plus, le ténébreux Milton ne mangerait pas ; son addiction à la poudre blanche et autres substances illicites devenant de plus en plus importante, lui rongeant le corps et l'esprit, en desservait ses funestes conséquences, et en l'occurrence lui coupait l'appétit. La drogue lui avait enlevé ce désir de se nourrir, le Serpentard mangeait peu mais s'adonnait de plus en plus aux délices hallucinogènes durant les soirées, ne se rendant guère compte du danger escompté sur sa santé. Le jeune homme était des plus inconscients, et cela faisait déjà bien longtemps que ses amis ou connaissances avaient cessé de lui faire quelques remarques à ce sujet afin de l'engager à manger d'avantage, sachant qu'ils n'essuieraient alors que parole acerbe ou regard noir et assassin, ils avaient abandonné l'idée. Si Blake était présent à l'ouverture de la Grande Salle pour le dîner ce soir là, c'était pour parvenir à voir Casey... Jolie jeune fille aux traits fins et aux hanches saillantes témoignant également de sa maigreur, quand bien même, comble de l'ironie, son petit ami de Serpentard la poussait également à manger plus. Possible qu'elle ne se rendrait donc pas au dîner, ce soir, mais si c'était le cas alors elle aurait envoyé comme à l'accoutumée un petit mot à Blake afin de le prévenir... Du moins en toute logique. Car il sentait ces quelques derniers jours, une distance s'installer entre elle et lui ; la belle se faisait plus évasive, plus soucieuse également, comme si une inquétude l'assaillait sans qu'elle n'en touche mot à Blake. Avait-il fait quelque chose de mal, avait-il dit un mot blessant à son encontre, ou encore sans doute plus grave, avait-il oublié son anniversaire ou un événement à fêter ? Après réflexion, c'était stupide, car le sombre serpentard alors pensif se rappela que la belle était née un treize février et que la saint-valentin ou autre fête du genre n'était pas pour maintenant.. Alors qu'avait-il fait pour qu'il ne sente cette étrange distance entre eux ? Par ailleurs, il ne l'avait guère vue de la journée, elle qui pourtant allait parfois le voir entre deux cours, lui qui allait visiter sa belle Gryffondor à chaque pause du matin, la rejoignant auprès de leur arbre, celui où ils s'étaient échangé pour la première fois leur véritable premier baiser. Impossible donc aujourd'hui de retrouver sa princesse, malgré les quelques questions posées aux camarades de la belle Donahue, demoiselles qui s'étaient mises à glousser et à lancer des oeillades charmeuses au Serpentard lorsque ce dernier était venu de sa voix froide leur demander où se trouvait Casey, bien qu'il demeurait des plus froids et indifférents à leurs approches de pimbêches blondes... Autour de lui donc, tous s'agitaient dans un brouhaha infernal et des allers et venues incessants. Néanmoins ils n'étaient plus que spectres sans couleur pour l'égocentrique Serpentard qui ne la cherchait qu'elle et elle seule ; se levant alors majestueusement sans jamais cesser de garder un oeil sur la foule s'agglutinant auprès de la porte de la Grande Salle, il savait qu'il la reconnaîtrait du premier coup d'oeil, qu'elle serait celle qui, parmi tous ces fantômes sans saveur, aurait ses couleurs et qu'il saurait la trouver quand bien même la masse d'élèves était impressionnante. Mais les minutes passèrent, longues et interminables, et Blake commençait à douter en ne la voyant plus arriver... et si elle était restée dans sa salle commune ? L'évitait-elle au point de ne pas vouloir lui adresser la parole de la journée... Cherchant toujours la jeune fille de son regard sombre, Blake ne fit pas attention au Gryffondor arrivant vers lui ; un grand blond maigrichon que Milton connaissait ; il avait beau être un vert-et-argent orgueilleux, il savait aussi se faire amical et chaleureux, et avait des amis chez les Gryffons.

Duncan - « Blake ? Tu cherches Casey ? »

Sortant de sa léthargie, le sombre prince tourna son regard soudain éveillé sur Duncan, approuvant alors d'un signe de tête avant de passer une main dans ses cheveux, visiblement gêné de la question du rouge et or. Car il pouvait voir dans les prunelles de Duncan, cette étrange appréhension qui ne témoignait rien de bon.

BLAKE - « Je pensais qu'elle viendrait dîner avec les autres, ce soir. » rétorqua-t-il dans un murmure de sa voix suave.
Duncan - « Mais... elle t'a pas dit ? Elle n'avait pas faim ce soir, elle est partie à la bibliothèque... »

Légèrement troublé, ne sachant pas s'il devait prendre mal ces aveux ou non, le Serpentard approuva d'un signe de tête de son visage sérieux, non sans profiler un bref merci avant de tourner les talons. Mais aussitôt, le jeune blond posa sa main sur son bras, la retirant aussitôt lorsqu'il vit les obsidiennes du vert-et-argent soudainement vénéneux et acide darder sa main avec mépris.

Duncan - « Je pense pas que tu devrais... Elle est assez... chamboulée avec ces histoires te concernant Sasha et toi. Tu devrais la laisser seule... »
BLAKE - « Sasha ? » fit-il d'une voix tranchante et agressive.
Duncan - « Oui tu sais... Sasha Carlson. Y a des rumeurs qu'on commence à entendre ici et là, dans notre salle commune surtout. Il paraîtrait que toi et elle... enfin tu vois quoi. Jusque là Casey voulait pas y croire, mais faut avouer qu'on commence tous à se poser des questions... »

Qu'il aille se faire voir. C'était en outre les mots qui brûlaient ardemment les lèvres du Serpentard, mais qui se contenta de lancer un regard assassin et passablement énervé à Duncan avant de partir. Remonté contre les langues de vipère, mais surtout comprenant mieux l'éloignement de Casey ces derniers temps, le sombre jeune homme se hâta de gagner la bibliothèque, dans l'espoir de s'enquérir de sa princesse mais aussi et surtout de la rassurer... Que faire lorsque les rumeurs étaient plus fortes que tout, les mots demeuraient bien plus blessants que les gestes, et Milton le savait, maniant diablement bien le vocabulaire cuisant qui vous taillaidait la chair et le coeur.... Mais lorsque le geste se joignait à la parole, et que sa douce s'imaginait déjà que le Serpentard froissait les draps de la douce Sasha Carlson, que faire donc, si ce n'était que tenter de stopper ce venin monter vers le palpitant ? Le vert-et-argent passa donc les portes de la bibliothèque, retrouvant aisément sa Casey tant les lieux étaient pratiquement déserts. S'asseyant face à cette dernière, Blake lui offrit un sourire tendre et charmeur, gardant pour lui son mordant légendaire, alors qu'il posa sa main sur la sienne.

BLAKE - « Princesse je t'ai cherchée partout aujourd'hui... Tu avais autant de travail que ça ? »

Un murmure suave alors que, soupçonneux, il posa son regard sombre sur les livres entassés de la demoiselle, dans un léger froncement de sourcils.

Il était vrai que le jeune homme avait toujours été constamment entouré ; de ses amis, de sa cour, de ses prétendantes. Car jamais le jeune Milton n'avait espéré à trop de solitude, bien qu'il était agréable de se retrouver seul parfois, il avait toujours eu besoin de se sentir entouré, comme pour pallier un manque octroyé lorsqu'il avait été enfant. Et jusque là, il n'avait jamais eu vraiment d'idylle tenant aussi bon que celle qu'il avait avec Casey, aussi il ne pouvait voir à quel point cette situation pouvait faire souffrir la Gryffondor, puisque ses précédentes ex n'avaient pas duré aussi longtemps, il ne pouvait véritablement cerner ce problème. Toujours égocentrique, persuadé que tout allait bien, allant même jusqu'à ne pas comprendre la distance tenue de sa princesse alors même que c'était évident à comprendre. La jeune fille devait souffrir des ragots et commérages, des flirts aussi peut-être dont s'adonnaient les demoiselles avec le Serpentard, sa manie à lui d'être aussi tactile avec les autres et surtout avec les jeunes filles, quand bien même c'était purement innocent... Un mélange de détails qui, accumulés, ne pouvaient que la faire souffrir sans que l'égocentrique Blake ne s'en rende compte. Et pour autant, il fallait bien avouer que la belle était endurante, pour avoir jusqu'ici supporter le monde écrasant du vert-et-argent, sans compter sa cousine possessive et vénimeuse... Blake quant à lui avait bien évidemment fait rentrer sa princesse dans sa bulle élitiste, mais ne s'était pas véritablement aperçu qu'elle se tenait à l'écart ; là où il n'aurait dû voir qu'elle et lui prêter bien plus d'attention, il la laissait graviter autour de lui sans se rendre compte de sa souffrance. Et pourtant, le Serpentard tenait à sa Gryffondor, il était né en lui des sentiments forts qu'il n'osait pas appeler à voix haute "amour", mais pourtant bien présents, et il était évident que le sombre prince ne la laisserait pas partir ; du moins dans son élan de mauvaise foi, il tenterait de la faire rester coûte que coûte... C'était néanmoins trop de souffrance, trop de distance, un fossé trop grand entre les deux ; elle si douce, calme et légèrement solitaire, quand lui trop impulsif, excessif et perpétuellement entouré. La tentation était grande autour du Serpentard pour qui les demoiselles faisaient la cour, quand bien même malgré les mauvaises langues voulant faire du mal à Casey affirmaient à tord que Blake la trompait. La perfidie des jaloux était en marche, sans doute dégoutés de voir que le Serpentard se faisait fidèle pour un ange de douceur comme Casey qui demeurait si différente de lui, Gryffondor de surcroit, leur était visiblement insupportable... Et si encore, le jeune homme ne gardait pas en lui ce terrible secret inconnu de tous ; ayant mis enceinte une demoiselle de Serdaigle dénommée Ainsley au mois de Septembre et portant son enfant qu'il s'évertuait de vouloir sadiquement évincer, peut-être était-il possible que tous deux repartent sur des bases saines. Mais était-ce véritablement possible, dans le fond le Serpentard, bien que fidèle, n'était pas docile et ne pouvait changer, pas plus que la belle ne pouvait supporter cette douleur. C'était ainsi légitime, qu'elle leur impose cette distance, bien que Blake, arrogant et égocentrique, ne comprenait pas pourquoi puisque ne voyait rien. Et quand bien même ce n'était que la faute portant sur Sasha et lui, comment Casey pouvait-elle croire à cette rumeur ? ... la mauvaise foi du sombre Milton atteignait, par cette question qu'il vint se poser, des paroxysmes.

« Oui et j'en ai encore pas mal. »

La froideur de la demoiselle le prit au dépourvu, alors qu'elle ôta sèchement sa main. Néanmoins Blake garda pour lui son assurance agaçante, celle qui se dessinait sur son visage dans les moments où il donnait l'illusion de tout contrôler, arquant alors les sourcils. Milton se mit à rire légèrement, rien de railleur ou autre, mais quelque chose de froid et sans doute même quelque part, légèrement méchant. Car il avait compris sur le coup la froideur de sa douce, voulant sans doute lui faire payer toutes ces rumeurs courant dans le château, le concernant Sasha et lui. Le Serpentard hocha négativement la tête, son sourire envolé et son regard soudain terriblement plus sombre et pensif se posant sur sa droite, fixant sans la voir une des étagères de la bibliothèque. Pous doucement, il glissa de nouveau son regard en coin sur la Gryffondor tandis que cette dernière ne cillait pas.

« Je crois que t'as mieux à faire que m'attendre, non ? J'en ai pour toute la soirée, voir même toute la nuit. »

Ah, parce que maintenant elle pensait que le jeune homme ne la prenait que comme distraction lorsqu'il n'avait rien d'autre à faire ... ? Blake ne tiqua pas néanmoins, pas même ne releva, en vérité. Cette pensée n'avait que brièvement traversé son esprit, car il ne comprenait toujours pas qu'elle lui en voulait énormément, pas plus qu'il ne comprenait qu'elle souffrait... Au contraire, le Serpentard se retourna brièvement, avisant le bureau de la bibliothécaire qui n'y était plus, ce qui fatalement induisait qu'il avait une idée derrière la tête. Ne répondant pas à l'attaque de Casey qu'il mettait seulement sur le compte d'une mauvaise humeur passagère, Blake se leva fièrement, un sourire charmeur sur le visage, contournant la table et se postant alors debout, derrière la jeune fille. Doucement, ses mains vinrent dégager ses longs cheveux d'ébène qu'il posa délicatement sur le côté, dévoilant sa nuque gracile et une partie de son cou frêle. Le sombre prince se pencha alors, posant sa main sur le menton de sa princesse afin de lui faire lentement tourner la tête vers lui, déposant un baiser suave sur sa joue avant que ses lèvres ne viennent caresser son cou dans un frémissement délicieux... Blake en l'instant n'avait pas compris que tout ne se résolvait pas par de la tendresse , ou plutôt par des plaisirs charnels, pour autant le jeune homme demeurait persuadé que cela allait mettre un terme à cette distance trop froide... Ne cherchant toujours pas à comprendre, restant alors à la surface du problème, insouciant et égocentrique.

BLAKE - « Voilà un lieu que nous n'avons jamais visité tous les deux... La bibliothèque. »

Un sourire mutin et complice, des sous-entendus explicites et brûlants, bien que ne voyant pas la détresse de sa Gryffondor, il continua de lui déposer des baisers dans son cou sans savoir que, en vérité, le problème était bien plus grave et sérieux qu'il ne voulait le penser.

Perdu dans ses propres désirs, dans l'envie également de passer du bon temps avec sa petite amie non sans vraiment comprendre le mal être de cette dernière, Blake déjà moins sage s'évertuait à déposer des baisers délicats et brûlants dans le cou de sa dulciné. Son audace se faisait pour autant silencieuse, le bruit suave de ses baisers demeurait néanmoins discret, au vu du silence presque terrifiant régnant dans les lieux. Humant de temps à autres son parfum, le jeune homme ne releva pas le geste que Casey eut en lui ôtant sa main de sa joue, porté par un mouvement si délicat qu'il ne ressentit ni froideur ni même tristesse, rien qui ne pouvait lui faire penser en l'instant qu'elle n'avait guère l'envie de jouer avec lui, ce soir. Et le Serpentard de continuer ses baisers dans des sourires parfois mordants, ses mains glissant le long des bras frêles de sa princesse qui s'était dès lors laissée faire ; en l'occurrence Blake connaissait les points faibles charnels de sa douce, et il était toujours trop facile d'appâter par le plaisir et la douceur. Ce soir pourtant, le jeune homme souhaitait simplement mettre un terme à la froideur ambiante, ne comprenant visiblement pas que même s'il y arrivait ainsi, le problème persisterait car il n'était pas véritablement venu chercher la cause de la distance de Casey à la source. Continuant son manège de prince charmant, il ne cessa que lorsque sa douce s'avança un peu trop sèchement, prenant dès lors Blake au dépourvu qui fronça dès lors les sourcils d'incompréhension. Enfin, commençait à se dessiner dans l'esprit égocentrique du Serpentard, l'idée que le problème n'était pas dû à une mauvaise humeur quelconque de sa princesse. Princesse qui, qui plus est, avait toujours été des plus douces et dociles jusqu'ici, n'ayant jamais été d'humeur lunatique ou trop glaciale... Mais qu'importait, c'était humain après tout, elle aussi avait bien le droit de vouloir être seule, de temps à autres. Seulement, les rumeurs cumulées aux paroles trop sèches de Casey commencèrent enfin à élever les soupçons chez l'égocentrique jeune homme, qui dès lors commença à se demander ce qu'elle pouvait lui reprocher. Néanmoins pour le moment, Blake garda son calme et son humeur tendre et amoureuse, ne parvenant pas encore à sous-peser la gravité de la situation. Et alors que Casey se pencha un peu plus sur le livre de métamorphose, cherchant sans doute à le fuir un peu plus, Milton posa ses mains sur la table, encerclant ainsi sa Gryffondor alors que, toujours penché derrière elle, il posa ses obsidiennes pénétrantes sur l'exercice de métamorphose.

« Arrête s'il te plait. Je t'ai dit que j'avais du boulot. »
BLAKE - « Cranius mutatius ? » murmura-t-il de sa voix suave et grave en avisant le chapitre. « Tu auras plus de facilité en étudiant d'abord le métabolisme cérébral, princesse... Et par ailleurs quelle importance, tu peux finir ça demain, non ? »

Blake était à lui seul un cristal à multiples facettes ; on connaissait son côté junkie, je-m'en-foutiste, bourreau, fêtard, charmeur, cynique... mais beaucoup moins son côté brillant et surdoué. Ainsi il avait murmuré ses paroles d'un naturel déconcertant, touchant un point important de cette matière difficile comme si lui même l'avait bien trop étudiée, pour au final partir sur autre chose et affirmer à Casey qu'elle aurait bien encore le temps d'y travailler. Et il n'avait pas tord, après tout, car la demoiselle pouvait tout aussi bien s'acharner sur la métamorphose le lendemain, début tant attendu du week-end, plutôt que de chercher à s'échauffer les neurones sur un sujet pointu à cette heure déjà avancée de la soirée. Et alors qu'il prononça la fin de sa phrase, n'attendant véritablement aucune réponse, preuve de son égocentrisme aigüe à vouloir ainsi décider pour sa dulcinée, Blake poussa le livre dans un geste entendu et symbolique. Visiblement ce soir, il ne la laisserait pas réviser, inconscient et insouciant surtout, il désirait seulement passer du bon temps avec sa belle Casey, les problèmes encourus dans leur couple n'étant visiblement pas sa préoccupation première. Parce qu'il était persuadé que Casey n'écoutait pas ces rumeurs stupides, parce que jusque là, la douce avait toujours subi sans rien dire, ne laissant pas l'opportunité à Blake de voir combien elle souffrait d'être en retrait, ne voyant pas son propre comportement blessant pour sa Gryffondor, il n'y avait pour lui, aucun problème... Jusqu'à ce qu'un murmure plein de reproche ne vienne s'échapper des lèvres de la demoiselle, brisant le silence en même temps que l'humeur conciliante du Serpentard.

« Peut-être aussi que j'en ai marre de ton jeu... »
BLAKE - « ... mon jeu ? » Léger silence rompu par un rire véritablement bref et froid, témoignant de son incompréhension soudaine. « Mais quel jeu ? »

Pris au dépourvu de nouveau, mais soudain tellement plus froid, Blake se redressa alors, laissant le silence planer, un silence cette fois trop lourd et presque terrifiant. Les prunelles du jeune homme s'obscurcirent alors qu'il cherchait à comprendre ; était-elle en train de dire qu'elle voulait partir ? Son visage devenant alors grave et sérieux, presque même trop ténébreux et glacial, Milton contourna de nouveau la table, afin de se mettre plus ou moins face à Casey. Ses mains de nouveau vinrent se poser sur la table, bras tendus et regard fermement planté dans les prunelles de la demoiselle.

BLAKE - « De quoi tu parles Casey, qu'est-ce que tu me reproches à la fin, qu'est-ce que tu veux ? Pourquoi tu t'éloignes ? Tu es en train de me dire que tu veux tout arrêter, c'est ça ? »

Les mots durs, froids, violents, le jeune homme sentait une colère infondée et glaciale monter en lui en même temps que sa voix toujours aussi basse mais diablement tranchante. Il déblatérait son venin dans des questions incessantes et acides sans qu'elle n'ait le temps de répondre. Le prince se faisant bourreau était parfois diablement effrayant, tant il était imprévisible ; car à l'instant Casey ne pouvait qu'ignorer ce que Blake ferait par la suite : s'emporter, s'énerver, ou se radoucir au contraire... Son regard glacial et implacable se planta dans le sien, mais déjà il lisait cette étrange hésitation dans les prunelles satinées de sa douce. Parce qu'il savait, dores et déjà, et le sentait malgré lui, que les larmes venaient peu à peu se loger dans ses beaux yeux bleus ; preuve d'une tristesse soudaine qu'il découvrait soudain. Et alors en l'instant, le sombre prince s'en voulait ; de ne ps avoir vu sa douleur lancinante jusqu'ici, de n'avoir rien vu venir, de n'avoir rien su faire... Enervé contre lui-même, plongé dans l'incompréhension totale, hâtif d'entendre la suite des reproches de la pauvre Casey, tout retombait une nouvelle fois sur elle, pauvre princesse qui ne faisait que défendre son intégrité.

BLAKE - « Regarde-moi ! »

Un ordre trop sec, rompant pour de bon le silence de la bibliothèque. Bien sûr qu'il allait trop loin, bien sûr que ce n'était pas la bonne attitude à adopter, mais bien sûr qu'il l'aimait et qu'il avait peur de la perdre. Une peur fondée qui se mua en agressivité envers la belle Gryffondor. Fort heureusement, ils demeuraient seuls dans ce coin désert de la bibliothèque, la gardienne des lieux occupée sans doute à ranger la réserve, laissant alors les deux jeunes gens régler leurs problèmes dans un lieu qui n'était guère approprié, laissant la voix toujours aussi basse mais véritablement acide du Serpentard trancher l'air avec trop de véhémence.

Le silence, tendu et lourd, s'était imposé au profit d'une tendresse envolée. Tendresse néanmoins à sens unique car la demoiselle semblait avoir le coeur trop lourd pour se laisser aller à son petit ami Serpentard. « Tu sais que je ne suis pas véritablement un prince, mais pardonne-moi à l'avance, si je te fais du mal à l'avenir. » Il le lui avait dit, il l'avait prévenue, ce jour où tous deux enlacés au pied de leur arbre, ils avaient scellé presque officiellement leur union. Car Blake avait toujours su qu'il était égocentrique, on avait beau dire qu'il était un monstre d'égoïsme, ne voyant que le monde gravitant autour de lui dont il se voulait le centre d'intérêt, le jeune homme le savait, et à bon escient. Il savait pertinemment que ce défaut lui collant à la peau faisait du mal aux autres, il savait qu'il les blessait tous, de grande ou moindre ampleur, mais aussi et surtout, il savait qu'il était incapable de rendre une personne heureuse. Rien de mélodramatique en soit, cependant, car le Serpentard avait une sainte horreur du tragique et tout ce qui le côtoyait, mais aussi et surtout parce qu'il faisait avec, l'acceptait, vivait avec et même, comble de l'ironie, s'en fichait bien, au final.. Son individualisme était tel qu'il poussait le vice jusqu'à se montrer indifférent à ce mal qu'il faisait aux autres, du moins bien sûr que cela le perturbait lorsque cela touchait des êtres aimés, mais il ne pouvait s'en torturer pour autant. Blake était ainsi, et on ne pouvait le faire changer : borné et indomptable, n'en faisant qu'à sa tête sans vraiment penser aux autres, sans vraiment penser à lui non plus... Il ne vivait que pour les excès, le plaisir, les festivités, tout ce qui pouvait faire en sorte qu'il oublie qu'il ait jusqu'à une âme et une enveloppe corporelle, en somme. Un pur junkie qui avait besoin de vivre dans l'illusion sans penser à rien. Mais ce soir, tout se retournait contre lui ; la petite poupée avec qui il avait joué s'était attaché à lui, mais en contrepartie, le bourreau également. Il avait peur à présent qu'elle ne s'en aille, bien que Milton n'avait jamais fait le nécessaire pour qu'elle se sente bien. Après tout, si Blake n'avait véritablement pas trompé Casey, ni en embrassant une autre, ni même en partageant les draps d'une quelconque prétendante, il charmait toujours, séducteur troublant et fascinant, il éprouvait ce besoin de vouloir les faire défaillir, de les tenter, de se tenter lui même... Plus encore , s'il ne la trompait certes pas physiquement avec Sasha, qu'en était-il des lettres enflammées qu'ils s'échangeaient ? Pouvait-il vraiment se prétendre fidèle ? ... Pas le moins du monde. Et pourtant, encore et toujours, le Serpentard jouait la mauvaise foi : ne pas coucher avec une autre, c'était ne pas tromper Casey, point. En un sens, il ne cherchait pas à se mettre à sa place, ainsi tous deux restaient sur leurs positions respectives. Elle pliait sous le poids de la douleur, du stress accumulé, de ces doutes permanents, quand il lui reprochait un fait dont il n'était pas coupable, puisque se voyant fidèle. Et le pire, résidait dans le fait qu'il ne voulait pas la perdre, qu'il la voulait pour lui, sans pour autant changer. Quand bien même il la voulait à ses côtés, il ne la retiendrait pas si elle décidait de partir, du moins pas assez longuement ; par stupide excès de fierté, bien que son coeur crierait alors au crime de la laisser partir. Dores et déjà, les deux jeunes gens se retrouvaient dans une fatale issue, et ce à cause de la fierté, l'arrogance et l'orgueil trop présents de Blake. D'un point de vue objectif, si le Serpentard avait eu pour lui cette humble qualité de se mettre à la place de Casey et de vouloir la comprendre, il aurait sans doute était admiratif devant tant de patience, de douceur et d'amour dont elle faisait preuve, alors qu'elle subissait encore le joug de son bourreau qui lui faisait du mal, sans le vouloir pour cette fois. Et alors que la voix de Blake résonna séchement, lui intimant d'un ordre froid et violent de le regarder, la belle au regard partagé entre la tristesse et la colère lui murmura d'arrêter. Chose qu'il fit par ailleurs, ne pouvant renchérir pour le moment, conscient que la douce allait parler, qu'elle hésitait encore, car sa voix pleine de tressaillements luttait pour continuer et ne pas se couper sous l'élan de larmes naissantes dans ses prunelles satinées. Une souffrance cuisante illumina alors le regard azuré et humide de sa Gryffondor, cette même peine, ce même trouble, cette même agonie lancinante qu'elle avait lorsque du temps où il se faisait son véritable bourreau, il venait jouer avec cette dernière, de manière ignoble et perverse. Eut-il fallut qu'ils aient leur première dispute de couple pour qu'enfin Blake ne comprenne qu'à cette époque donc, Casey ne s'était pas adonnée à un jeu malsain avec lui, lorsqu'il venait la prendre de force sous les douches, mais qu'elle déversait véritablement des larmes dignes d'une souffrance insoutenable. Comme en cet instant. Droit et fier, Blake détourna un instant son regard qui s'était fait mépris, mais c'était pour mieux en dissimuler cet étrange dégoût contre lui-même, mêlé à cette colère froide qu'il avait contre Casey. Puis la voix de cette dernière résonna de nouveau, muée en un murmure douloureux, qui lui fit détourner de nouveau ses prunelles glaciales et sévères sur la jeune fille.

« J'en ai assez de tous ça. De te voir avec toutes ses demoiselles accrochées à ton coup alors que me je reste dans un coin seule. J'en ai marre de toutes ses rumeurs sur toi et une tonne d'autre fille. Je veux bien croire qu'elle sont fausses, mais quand elles s'y mettent elles aussi c'est trop. Selon les rumeurs ta dernière conquête serait Sasha et elle ne dément pas. Comment j'suis sensé réagir à ça moi ? Faut que je me batte pour toi ? Que je me battre alors que je n'ai aucunes chances ? »

Pourquoi donc pensait-elle qu'elle n'avait aucune chance... Le Serpentard ne comprenait pas, car il ignorait à quel point la belle Gryffondor se sous-estimait. Lui qui était habitué à tout voir de son piedestal factice, hissé en l'honneur de sa popularité, peinait à voir à quel point certains de ses camarades pouvaient avoir à ce point une si basse estime d'eux-même, et Casey en premier lieu. Pour autant, à présent qu'il se posait la question, cela était pourtant évident : la belle avait été abandonnée par ses parents, avait été mise en second plan par Adam, se faisait légèrement solitaire, avait failli même se faire abandonner par son propre bourreau car elle ne l'amusait plus assez, et à présent aujourd'hui, se sentait délaissée par le ténébreux Milton allant jouer les séducteurs avec toutes les belles filles croisant son chemin... Il avait fallu qu'elle pleure devant lui pour qu'il ne le voit, et pour qu'il ne comprenne que, dans le fond, il ne s'était jamais assez intéressé à elle, ni même n'avait écouté ses besoins et ses désirs. Bien sûr, qu'il y avait des sentiments forts, mais pourtant jusque là leur relation paraissait surtout que charnelle. La preuve en était qu'ils étaient un couple sulfureux, mais que le jeune homme ne connaissait pas vraiment sa dulcinée, finalement. Et la belle fut alors secouée de sanglots, enfouissant son visage fin dans ses mains graciles, ce qui eut pour effet de serrer le coeur du Serpentard au visage pourtant froid et partagé. De nouveau , Blake détourna la tête, incapable de réagir face à tant de sentiments déversés. Il se sentait submergé, mais aussi et surtout, ne se sentait pas dans son élément. Habitué à faire pleurer par amusement, loin de lui l'envie de le faire par jeu, ce soir. Et de voir sa princesse aussi démunie, faible et triste ne le faisait que le conforter dans l'idée qu'il ne lui apportait rien, si ce n'était qu'un chagrin amer et une tristesse lancinante. Par ailleurs le Serpentard ne parvint pas même à susurrer une excuse, ni même à avancer un geste doux et délicat... Que pouvait-il faire sinon attendre que la belle ne verse ses sanglots après lui avoir soufflé un tel aveu... Car la jeune fille n'était pas complètement dans le tord ; Blake était constamment entouré de demoiselles se pendant à son cou, et il ne pouvait le nier, pas plus qu'il ne pouvait s'en excuser, au final. Baissant les yeux sur la table, pris au dépourvu quoique gardant toujours pour lui son air princier, il attendit sans un mot, troublé et coï, cherchant des mots ou une attitude qui ne venaient pas. Mais bientôt, peu à peu, les pleurs cessèrent, et de nouveau il recroisa son regard. Les prunelles de la princesse déchue étaient embuées, quand les obsidiennes du prince se rendaient coupables.

BLAKE - « Tu es belle, quand tu pleures. »

Rien d'une provocation, rien d'une parole se voulant cynique ou blessante, mais juste une vérité des plus sincères alors qu'il reposa ses obsidiennes sur le côté, ne voulant pas la regarder dans les yeux. Non par lâcheté ou culpabilité, mais plus par décence et par respect pour ce qu'elle revendiquait. Pour une fois, juste une fois , il diminuait son arrogance pour la laisser parler légitimement.

« Blake, est-ce que tu m'aimes ? »

Son coeur se serra comme il ferma les yeux sur la question tant redoutée. Bien sûr, était la réponse qu'il pensait ardemment, Oui je t'aime, était la réponse attendue, mais peu habitué aux profusions de sentiments, il fallut un certain temps au Serpentard pour mettre son arrogance de côté et ne pas lui sortir la fatidique remarque "Pourquoi cette question ?" . Il serra alors la mâchoire, tentant de garder pour lui son venin infondé, il ne voulait pas plus la briser, bien que sa nature de bourreau lui sommait que, quelque part, cela aurait été jouissif, quand bien même le jeune homme aimait la Gryffondor.

BLAKE - « Je suppose... Il semblerait... » un murmure trouble et hésitant qui ne voulait dire qu'un "oui" sincère. Bien sûr, qu'il l'aimait, mais les déclarations d'amour était quelque chose de fraîchement nouveau pour le Serpentard soudain troublé, qui se sentit donc l'envie de reprendre aussitôt, afin de tenter d'éviter la question. « Et ne mêle pas Sasha à tout ça, elle ne dément pas parce qu'il n'y a rien à démentir. » Le Prince reprenait de l'aplomb, incapable de ne pas se montrer fougueux, il glissa de nouveau ses obsidiennes sur Casey. « Si tu veux toute la vérité, oui j'ai couché avec elle, mais ça s'est passé au mois de Septembre... Faut-il que je te donne tous les noms de celles qui ont froissé mes draps pour que tu ne me fasses pas de nouvelles crises pour les rumeurs à venir ? Ainsley, Svetlana, Charly, Elise, Angel, Ashlann, Ashley... Je continue Casey ? » fit-il avec d'un murmure acerbe et agressif avant de reprendre tel une vipère attaquant au venin. « Et n'oublie pas cette rumeur qui affirme que je couche avec ma propre cousine, dans deux jours avec un peu de chance, je te verrai me faire une crise de jalousie sur le compte de Delilah. »

Froid et sec... Mais il ne l'avait pas voulu. De l'excès, de l'emportement, encore... Pourquoi avait-il fallu qu'il se sente agressé par les propos de sa douce, à en vouloir lui renvoyer la balle ? Blake passa dès lors une main dans ses cheveux, conscient qu'il avait été trop loin, avant de poser son front au creux de ses mains, comprenant alors que ses mots trop virulents n'avaient pas lieu d'être. La colère et l'emportement avaient parlé à sa place, au profit d'une tendresse et de l'amour qu'il portait pour Casey, et qu'il aurait du lui desservir.

Il n'a pas conscience qu'il lui fait du mal, pour lui les paroles qu'il dessert sont juste la conséquence malhabile d'une difficulté à dire ses sentiments. Les mots se coincent dans sa gorge, se déforment, et ressortent avec cette réalité un peu sèche, celle qui laisse entrevoir à la douce qu'il parviendra difficilement à lui murmurer un je t'aime. Et pourtant, le sombre Serpentard le pense, le ressent, il sait qu'il ne peut pas la voir partir, pas plus en vérité qu'il ne peut la garder à ses côtés puisqu'il la rend malheureuse. Un dilemme se joue en lui, meurtrier, assassin, la garder sans jamais lui confier les mots si tendres qu'elle veut entendre mais qu'il pense sincèrement, ou la laisser partir et la pousser dans les bras d'un autre. Sous cette idée, il soupire et ferme les yeux, se mord doucement la lèvre comme il tente de bloquer son palpitant qui bondit contre sa poitrine à lui en faire mal. Mais il ne peut pas lui dire les mots qu'elle veut entendre, c'est plus fort que lui, et pour une fois, ce n'est pas une question de fierté. Seulement le jeune homme n'a jamais proféré une seule fois ce genre de déclaration, l'unique instant où un je t'aime était venu franchir ses lèvres, c'était en compagnie de la douce Sasha, sous la coupe d'un enchantement le rendant fou. Mais en dehors de cela, aucun de ses proches n'a pu recevoir pareille bénédiction ; parce que chez les Milton, c'est presqu'un tabou. Il sent sa gorge se brûler comme il tente de faire sortir ses sentiments par la parole, mais rien ne vient, aussi il finit pas hocher la tête, dépité et froid. Chez Blake, il faut savoir lire entre les lignes, à chacun de ses mots, chacun de ses gestes ou de ses regards, sinon c'est peine perdue. Enfin, il lève son regard au plafond, visiblement perdu, car il sait que ce soir se joue une issue presque fatale. Dieu sait qu'il l'aime et ne veut pas la perdre, mais peut-être que le Serpentard se rendra compte à quel point il tient à sa princesse, une fois qu'il ne l'aura plus. Ses obsidiennes glissent de nouveau sur Casey encore mué dans une tristesse qui resserre le myocarde du sombre prince ; visiblement sa réponse a été bien trop blessante, lui entaillant la chair de part la pointe acide de ses syllabes. Et pourtant, ce n'était pas sn attention. La voix frémissante de Casey s'envole alrs, et avec elle, ce sont toutes les pensées de Blake qui se figent.


« On ne peux pas supposer qu'on aime quelqu'un Blake... »

Il est vrai. Mais comment lui dire qu'il ne le supposait pas, mais bien le ressentait avec virulence, lui qui peinait à faire sortir le vocabulaire sentimental de son palpitant. Et pourtant, le sombre Serpentard savait qu'en l'instant, le seul moyen de sauver la situation était de se montrer sincère, de la réconforter, de lui affirmer son amour et de la prendre dans ses bras. Néanmoins, pour une raison inconnue, une faiblesse sans doute dévoilée à ce jour, Blake s'en sentait incapable, ne se sentant guère dans son élément, pour une des rares fois de sa vie, il ne parvenait pas à lui confirmer ce qu'elle voulait entendre. A son sens, il le lui avait fait comprendre pourtant, il suffisait pour Casey de lire entre les lignes. Mais ce que le Serpentard semblait vouloir ignorer, c'était que la belle avait besoin d'entendre réellement ces mots là, et non de devoir les lire en filigrane entre deux répliques pleines de reproche. Le regard de Blake glissa de nouveau, évitant celui de Casey pour une rare fois, troublé, déstabilisé ; il sentait la situation lui filer entre les doigts, sans qu'il ne puisse rien y faire sinon se forcer à ne plus être lui même et à s'enfoncer dans une débauche de sentiments. Il l'aimait ardemment, le ressentait sans ne lui en avoir jamais vraiment fait la preuve, mais ces affaires sentimentales ne semblaient pas être faites pour lui tant il ne parvenait pas à se faire véritable prince charmant. Et alors le miracle se produisit néanmoins, car des lèvres du mystérieux Serpentard s'échappaient un aveu lancinant qu'il ne faisait habituellement à personne, néanmoins très vite coupé par la réplique secouée de larmes invisibles de sa Gryffondor.

BLAKE - « Ne pars pas. » fit-il dans un murmure un peu trop froid alors qu'il reposait ses prunelles sombres sur la demoiselle.
« Ne te rends-tu pas compte que tu me fait mal ? Je souffre de te voir draguer juste sous mes yeux. Je ne sais pas quelle est ta définition de la fidélité, mais ce n'est pas la mienne. »

Le jeune homme détourna de nouveau son regard, plus froid et glacial , car dores et déjà il savait qu'elle avait raison. Il savait que lui-même ne pourrait supporter sa princesse aller flirter avec d'autres, que cela le rendrait fou et agressif, alors même que lui se permettait ce genre d'écart dans le silence de la jeune Casey. Blake serra alors la mâchoire, pensif, il ne comprenait pas véritablement le point de vue de la belle néanmoins, car à son sens il avait toujours été ainsi : diable tentateur et usant de ses charmes, incapable d'être retenu en cage ou dompté. Quand bien même il l'aimait, ni ne la trompait pas véritablement, il ne pouvait s'empêcher de jouer de son charisme inéluctable ; car pour le jeune homme, encore une fois, tout s'apparentait à un jeu. Et jamais, il n'avait pensé que cela aurait pu blesser sa belle, jamais en vérité, il n'avait pensé à elle dans ces moments là, quand bien même il voulait la rendre heureuse, il se rendait compte qu'en vérité, il ne la préservait pas, bien au contraire.

« Tout ce que je veux c'est ton cœur Blake. Que tu me le donne en entier, que tes prunelles ne se posent sur personne d'autres comme elles le font avec moi. »

Les mains frêles de sa princesse vinrent se poser sur ses joues, obligeant le fier Serpentard se sentant démuni sur le moment, à lever son regard et à darder le sien, indécis. Il hocha alors très brièvement la tête d'un geste négatif, ne sachant véritablement que dire ; car il se retrouvait concrètement sur le point de non-retour, assailli par la peur de devoir prêter serment à celle qu'il aimait et de perdre sa liberté. Une crainte si profondément ancrée dans sa chair que sans doute, il finirait par fuir, quand bien même il ne voulait diablement pas la perdre. Son estomac se serra au même titre que son palpitant, la douleur de la décision à prendre lui était insupportable. Blake était alors à deux doigts de lui offrir les mots fatidiques et tendres, mais au dernier moment, le jeune homme se rétracta, se sentant incapable de lui desservir déjà la plus belle des déclarations.

BLAKE - « Elles ne se posent que sur toi. A ma manière. » rajouta-t-il après une courte pause. « Je tiens à toi, mais tu ne peux pas me demander de changer. »

Je tiens à toi fut incontestablement la réplique qui parvint avec le plus de peine à franchir ses lèvres. Et pourtant il aurait aimé lui dire qu'il la trouvait belle, qu'il ne voulait pas la voir partir, qu'il l'aimait et qu'il lui demandait son pardon, mais rien ne vint néanmoins, laissant les prémices d'un silence légèrement tendu s'installer.

BLAKE - « Je suis désolé, je ne crois pas que je sois fait pour toi. Tu mérites mieux. »

Il se serait maudit de lui desservir ce qu'il pensait sincèrement en l'instant. Cependant Blake savait qu'il ne parviendrait pas à changer, et que sa princesse continuerait à souffrir. En espérant seulement, qu'elle comprenne, qu'elle reste et qu'elle s'accroche, quand bien même elle souffrait.... C'était égoïste, en un sens , voilà pourquoi finalement, ce furent ces paroles qui s'échappèrent de ses lèvres en un murmure comme son visage se faisait grave : ne serait-elle pas plus heureuse, finalement, loin de lui ? Une question qui lui tailladait le coeur et lui insufflait le venin des remords, car il savait qu'il ne pouvait la voir partir. Quitte à sans doute tenter de la récupérer si véritablement, la belle tournait les talons. Paradoxal, c'était le mot qui qualifiait le mieux le sombre Blake.

Doucement, suite à la réplique du jeune homme, la belle ramassait ses affaires. Hésitante, le geste tremblant, le regard voilé, tandis que lui même sentait son coeur se serrer d'une douleur effroyable et insoutenable. Néanmoins, les prunelles de Blake ne dévièrent pas de celles de Casey, pour le moins aussi troublé et perdu que la demoiselle, le Serpentard ne savait plus que faire, que dire ni que penser. Si encore, il avait joué les hypocrites, sans doute lui aurait-il dit qu'il changerait, qu'il ferait les efforts nécessaires, mais sachant pertinemment qu'il n'y arriverait jamais, il ne voulait laisser Casey se bercer d'illusions. Bien sûr qu'il pouvait toujours repousser ces demoiselles, mais il ne pouvait décemment pas renoncer à être constamment entouré ; il y avait ses moments privilégiés avec Casey, en tête à tête, et il y avait les autres où, entouré de ses amis et de ses prétendantes il poussait le vice jusqu'à se prêter au jeu du flirt même si sa princesse était dans les parages. Pour Blake, cela ne s'apparentait guère à de l'infidélité, mais aujourd'hui il prenait conscience du mal qu'il faisait à sa douce. Fallait-il l'éloigner pour qu'elle ne soit plus aussi affublée par la douleur, le temps qu'il ne tente de changer, le temps qu'il parvienne à prendre conscience que la perdre était la dernière chose qui lui était envisageable. Pourtant, la belle ne demandait pas grand chose ; juste l'affirmation de ses sentiments, et cesser ces flirts incessants. Mais l'une comme l'autre de ces directives faisaient partie en soit des faiblesse de Blake qu'il ne pouvait pallier : tactile mais incapable de se montrer trop doux, charmeur et grand joueur dans le registre du flirt, c'étaient pour lui des choses qu'il ne pouvait effacer en un claquement de doigts. La belle se leva alors, vacillante, sous le regard néanmoins inquiet du Serpentard qui ne la lâchait plus de ses prunelles trop sombres, se levant en même temps que la demoiselle il dévia un instant ses yeux noisette lorsque Casey se mit à vaciller légèrement. La faiblesse de la jeune fille n'était pas des plus agréables à voir, surtout lorsque l'on savait qu'au final, Blake la laissait alors seule ; poupée chétive trop manipulable qui peut-être finirait par trouver un autre bourreau tant elle était fragile. Et la voyant s'éloigner, une étrange colère glacée s'éveilla au sein du Serpentard contre lui même ; il se maudissait de la laisser partir, il se maudissait d'être encore son bourreau, il se maudissait même d'avoir un jour croisé sa route. Serrant la mâchoire, tournant son regard soudain assassin contre l'étagère, voilà que le sombre prince était partagé entre la tristesse lancinante et la colère vive ; qu'elle parte, qu'elle en trouve un autre et qu'elle soit heureuse, mais qu'elle le fasse vite afin que sa plaie d'amour ne s'infecte pas.

C'est alors que, pensant déjà que la douce était partie loin, cette dernière se retourna, s'avança vers lui d'un pas rapide mais vacillant, laissant alors tomber ses livres à terre, sa Gryffondor vint l'enlacer non sans un geste à la fois fébrile et troublé. Un geste auquel le Serpentard ne s'attendait pas, inespéré, impromptu, et pour autant il l'enlaça également, presqu'à la fois soulagé, le coeur léger et battant trop fort dans sa poitrine, cette pointe de colère ne s'atténuant pas cependant. Pourquoi ne pouvait-elle pas partir heureuse et indifférente, au moins cela leur faciliterait la tâche... Mais les choses n'étaient pas si aisées, le Serpentard amouraché de sa Gryffondor et inversement, peinait néanmoins à la voir s'éloigner. Et alors que des larmes salées vinrent couler sur ses joues opalines, Casey déposa un baiser tendre sur les lèvres du vert-et-argent, baiser qui, malgré lui, lui rendit mille fois plus embrasé et passionné, à la fois perdu dans son trouble, son envie de la garder pour lui comme d'alléger sa souffrance. Ses mains vinrent se poser fermement sur les hanches de Casey, trahissant sa volonté de l'obliger à rester, quand bien même il savait que c'était loin de lui qu'elle serait heureuse. L'incertitude du devenir de leur idylle était insoutenable, mais en l'instant, à sentir Casey au creux de ses bras et à lui arracher des baisers avec un peu trop de passion, le jeune homme s'en fichait. Puis enfin leurs lèvres se quittèrent, sous l'assaut d'un murmure humide de larmes de sa princesse.

« Je t'en pris... »
BLAKE - « Casey... »

Encore une fois, cet aveu au bout de la langue, ces trois mots prêts à franchir ses lèvres à en faire mourir son coeur ici et maintenant. Mais rien ne vint, les paroles coincées en travers de sa gorge se consumèrent sans jamais en sortir. Enlaçant un peu plus la jeune fille contre lui, sentant ses hanches trop maigres et saillantes entre ses doigts, le jeune homme posa ses lèvres dans le cou de sa princesse encore secouée par quelques larmes ; visiblement la douce était à bout, et le Serpentard ne pouvait pas la laisser souffrir ainsi. Aussi, dans son imprévisibilité légendaire, quelques mots étranges vinrent franchir la barrière de ses lèvres alors qu'il se redressa, le regard tendre et le sourire au coin des lèvres comme pour l'encourager à stopper ses sanglots légers. Il dégagea doucement une mèche de cheveux du visage de l'ange avant de reprendre dans un murmure.

BLAKE - « Faisons un jeu. Tu pars. » Le jeune homme marqua une pause brève comme ses prunelles accrochèrent le regard humide de sa princesse. « Tu pars deux semaines, loin de moi, et tu tentes de trouver quelqu'un d'autre. Si tu estimes que tu n'es pas plus heureuse avec lui qu'avec moi, alors reviens. Mais si c'est le cas, reste avec lui. »

Les premiers mots du jeune homme n'étaient là que pour dédramatiser un tant soit peu la situation, car bien sûr que ce n'était pas véritablement un jeu, et pour la première fois, Blake ne trouvait aucun amusement en la situation. En somme il lui disait alors de tenter de trouver quelqu'un d'autre ; proposition qu'il savait absurde, folle, démesurée, grotesque... Mais il voulait faire comprendre à Casey qu'elle serait bien plus heureuse avec quelqu'un d'autre, persuadé alors qu'elle ne reviendrait pas. Et ce même s'il avait envie de hurler sa jalousie ou sa douleur.