Angel B. Livingston || An Angel takes flight [Done]

La nuit était tombée depuis bien longtemps, mais pourtant, l’agitation était à son comble. Une aile du vieux bâtiment était encore allumée, et perdu au milieu de cette épaisse forêt d’Ecosse, son côté lugubre était encore plus accentué. Une immense propriété, dont les abords étaient fermés par une grille en fer, à l’image de ce qu’elle était censée protéger. Suffisamment effrayante pour tenir à l’écart les curieux, suffisamment grande pour dissuader les fuyards. Difficile à croire en voyant tout cela que c’était un orphelinat, et pourtant, les cris d’enfants que l’on entendait en journée ne laissait pas de place au doute. Mais ce soir là, la plupart étaient endormis, excepté une petite fille aux longs cheveux châtains, qui luttait contre le sommeil au milieu de ce qui ressemblait à un bureau. Habillée dans une longue cape noire, dont la capuche lui tombait sur la moitié du visage, cachant ainsi ses yeux couleur azur, le petit Ange était aussi immobile que possible. Son visage avait l’expression de ces enfants sans passé ni futur, et dont l’espoir semblait être une paisible illusion. On ne savait rien sur cette douce enfant, hormis son prénom : Angel ; et les quelques objets qu’elle avait avec elle lors de son arrivée, une croix, et une petite pièce en or. Comme un ange tombé du ciel, elle avait été déposée dans cet établissement il y a quelques semaines de cela, et elle n’avait plus aucun souvenir. Fait très rare, qui pouvait s’expliquer uniquement par un choc émotionnel très violent, dont son cerveau avait tenu à faire abstraction dans le seul but de se protéger. Ainsi, elle avait été obligée de rester dans cet endroit, qui avait été la source de nombreux cauchemars, auxquels se mêlaient les vestiges de son histoire oubliée. Le médecin qui l’avait examiné avait relié cet état à la cicatrice encore fraîche qui ornait son poignet droit, qu’elle avait essayé de cacher, bien qu’elle soit incapable d’expliquer sa présence. Agée de huit ans, Angel n’était personne, et pourtant, elle offrait constamment ce sourire sur ce visage, comme une provocation au destin, refusant de se laisser abattre. Peut être était-ce par une sorte de fierté, ou peut être avait-elle une force de vie qui défiait la réalité, mais toujours est-il qu’elle ne semblait jamais ce départir de ce masque joyeux, ses yeux étant la seule trace de ce vide qui semblait peser sur ses épaules si frêles et si petites. Personne ne savait d’où elle venait, si bien que cela pouvait très bien être de l’autre côté du monde, bien que son teint pale rappelle les contrées sauvages de l’est. Tournant légèrement la tête lorsque la porte s’ouvrit, l’enfant observa le couple entrer de ce regard curieux qui la caractérisait si bien, sans pourtant prononcer un mot. Ne parlant que lorsque cela était nécessaire, - bien que personne n’était en mesure de dire si c’était par peur, timidité ou si c’était simplement dans son caractère -, la jeune enfant faisait cependant preuve d’un esprit des plus aiguisé, remarquant et analysant chaque détail, faisant preuve d’un esprit bien plus vif que la moyenne. Elle savait parfaitement pourquoi elle était debout à cette heure-ci, et pourtant tout le monde semblait sur le pied de guerre. Sa famille venait tout simplement la chercher, et si cet acte était des plus courants en temps ordinaire, leur nom apportait avec lui une certaine crainte. Les Livingston étaient une puissante famille de sorciers, leur sang était aussi pur que possible, et leur richesse était incomparable, si bien que leur réputation n’était plus à faire dans tout le Royaume Uni.

Aleanore : « Bonjour chère enfant » murmura la jeune femme, en s’accroupissant au niveau de l’enfant, dans un sourire et avec un ton qui se voulaient appaisant. « Je suis Aleanore, et voici Callixte. Nous sommes là pour te ramener chez nous, tu es notre petite fille à présent. »

Il n’était pas difficile de deviner l’émotion qui transperçait dans la voix de cette femme qui était si belle, et dont les yeux bleus ressemblait étrangement à ceux d’Angel. Cette dernière acquiesça doucement de la tête, jetant un regard à l’homme qui serait la main à la directrice de l’orphelinat, et malgré son esprit éveillé pour son âge, elle était loin de comprendre tout s’achetait dans la vie. Et que parfois, même si le bonheur d’être mère n’avait pas de prix, le droit de l’être lui, se chiffrait. Bien sûr, aux yeux de tous, les Livingston n’avaient fait qu’une généreuse donation à cette institution, et personne ne se poserait la question de savoir ce qu’était devenue cette enfant surgie de nulle part, et dont on ne savait rien. Attrapant la main que l’on lui tendait, Angel suivit ses nouveaux parents hors de la pièce, sachant parfaitement que le destin n’en avait pas fini avec elle.

Tenant la lettre dans ses mains, la jeune fille la contemplait, l’excitation brillant dans ses yeux bleus, si bien qu’il n’était pas difficile de comprendre qu’il s’agissait de la nouvelle tant attendue. Son inscription a Poudlard. Angel en avait rêvé, priant pour que elle aussi, elle ait le droit d’entrer dans ces écoles, et assouvir enfin sa soif de connaissances. Car après tout, elle ignorait tout de son passé, comment pouvait-elle savoir si elle était une sorcière digne de ce nom, ou pas ? La première année de son adoption par les Livingston, elle avait tenté de faire des recherches sur sa famille, avait vu les meilleurs médecins du Royaume Uni concernant son amnésie, mais rien n’y avait fait. Elle avait fini par renoncer, intimement persuadée que son passé finirait par ressurgir un jour ou l’autre, de la même façon qu’il avait disparu. Bien sûr, elle avait parfois des brides, des images qui revenaient dans ses rêves la plupart du temps, ou lors de situations particulières, mais rien qui lui permettait de donner exactement sa véritable identité. Néanmoins, elle continuait sa vie, tachant d’y faire face du mieux qu’elle le pouvait, et surtout, en évitant de mentionner ce sujet qui semblait si délicat dans ce manoir. Car si ses parents d’adoption avaient au début, supporter sans rien dire toutes ses questions, les règles avaient rapidement changé. Et très vite, le petit Ange avait appris que porter le nom de Livingston n’avait pas que des avantages, au contraire même. Elle représentait leur héritage, l’enfant parfaite qu’ils avaient réussi à avoir, et qu’elle avait une image à donner. Ainsi, ils s’étaient acharnés à lui enseigner tout ce dont elle avait besoin, et ils avaient constaté avec bonheur qu’Angel apprenait avec une facilité et une vitesse déconcertante. Si bien qu’elle était devenue cette enfant modèle, sachant charmer son monde avec une touche de mystère, et possédant un charisme incontestable, malgré son jeune âge. Elle faisait la fierté de ses parents, il n’y avait aucun doute là dessus, leur petite poupée à qui ils étaient capable de tout céder. Et pourtant, la divine enfant était bien loin d’en profiter, donnant sans jamais rien demander en retour, et dissimulant ses larmes sous ses sourires. Car si son futur semblait prometteur, son passé lui, se refusait à elle, la narguant constamment tandis qu’il lui échapper au fur et à mesure qu’elle s’en rapprochait. Entrant dans l’immense manoir qui lui servait d’habitat, Angel dansait presque d’un pas léger et joyeux, tant la nouvelle avait réveillé en elle une excitation, qui avait disparu il y à fort longtemps.

Angel : « Mère ! » appela-t-elle d’un voix douce et chantante, comme elle arrivait à sa hauteur. « Regardez Mère, j’ai enfin reçu la lettre de Poudlard, je vais pouvoir y étudier en Septembre. »
Eleanore : « Félicitations mon enfant. »

Un sourire bienveillant sur le visage, Eleanore enlaçant tendrement celle qu’elle considérait depuis toujours comme sa véritable fille, bien qu’elle soit incapable de lui avouer. Etant elle aussi prise au piège d’un statut social qu’elle n’avait pas demandé, l’épouse d’un Duc au sang royal avait également une apparence à tenir, et se devait respect et silence envers un mari bien trop excessif.

Callixte : « J’espère que tu sauras faire honneur à notre famille » ajouta-t-il, entrant de manière inopinée dans la pièce. « Nous avons une réputation à tenir dans cette école, et je te fais confiance pour ne pas nous trahir. »

L’azur de ses pupilles s’assombrissant, Angel acquiessant cependant d’un bref mouvement de tête, comme elle se dégageait rapidement des bras de sa mère. Les paroles de l’homme ne l’étonnaient guère, et pourtant, comme à chaque fois, son cœur semblait se meurtrir un peu plus, comme elle se surprenait à espérer recevoir un jour un véritable amour inconditionnel, comme tout parent se devait de donner à son enfant. Mais cela semblait vouloir également se refuser à elle, tout comme le reste. Bafouillant quelques vagues paroles pour indiquer qu’elle souhaitait lire, avant de s’éclipser.

« Je ne suis pas quelqu’un de parfait, loin de là même. Après tout, comme quelqu’un de parfait aurait-il pu oublier qui il était ? Pourtant, si je me montre aussi exigeante envers moi même, c’est certainement pour me rapprocher de cette perfection qui me semble si indispensable dans ma vie. Je n’ai pas connu l’amour de mes parents, et mon cœur est fermé afin de m’éviter d’autres peines qui finiront par me terrasser un jour ou l’autre. Ainsi, si je ne peux pas avoir cela, je tente de maîtriser mon existence autant que possible, me raccrochant sur ce qu’il me reste. Dire que je suis douée en cours est un euphémisme, si je ne suis pas la meilleure, je n’en suis certainement pas loin. Mais tout comme n’importe quel perfectionniste, je ne supporte pas l’échec, pas plus que la médiocrité. Ainsi, je n’hésite pas à repousser mes limites, allant toujours plus loin, quitte à me montrer tête brûlée pour satisfaire ma curiosité. Ma soif de connaissance n’a pas d’égal, puisque tout ce que je veux est comprendre, analyser, et maîtriser. Et cela me semble être bien maigre, comparé à ce que je n’aurais jamais. Malgré tout, personne ne semble savoir cette bataille qui a lieu en moi, si bien que je suis certainement devenue très douée pour maintenir les apparences. Mais je devais faire honneur aux Livingston, à ce qu’ils représentaient, riche famille de sang pur qu’ils étaient depuis des générations. Alors je me montrais charmante avec les autres, aussi mystérieuse et charismatique que j’étais. Et si j’avais appris à me comporter comme une parfaite aristocrate, comme une jeune fille pure et innocente, et comme une élève irréprochable, je gardais pour moi un petit côté sauvage. Le réservant pour mes plus proches amis, je savais également me montrer aussi bien douce et tendre avec eux, qu’attachante et joyeuse. Un ange tombé du ciel diront certains, qui ne demande qu’à être protégé. »