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| She's comin' over like a suicide • Blake. | |
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Delilah A. Milton
Messages : 123 Camp : De mon côté. Je mène ma propre bataille !
| Sujet: She's comin' over like a suicide • Blake. Mer 1 Juil - 17:04 | |
| « I'm going down now ; I'd like you to come with me. »
C’était un désespoir sans fin, un puits sans fond qu’elle comblait du mieux qu’elle le pouvait. Elle ne s’y était pas préparée, s’était crue plus forte que la faiblesse en elle-même. Prétention qu’elle payait chère, tandis que sa main ne semblait pas vouloir s’arrêter, la plongeant dans l’enfer qu’elle avait tant voulu éviter. Les larmes coulaient sur ses joues pâles, laissant derrière elles les traces salées de son amertume. Sa gorge se serrait, et elle s’étouffait à moitié alors qu’elle engloutissait les biscuits les uns après les autres, cherchant à combler le vide qu’elle avait elle-même créé en s’empêchant de manger. Recroquevillée sur le sol des toilettes, enfermée dans une cabine, elle sanglotait. Son corps lui échappait, et, sous ses yeux impuissants, il la trahissait, cédant à la pire des bassesses. Comme une urgence, l’urgence d’être comblée, elle avait besoin de cette descente, elle avait besoin de renaître au cœur des flammes, et elle se dégoûtait, elle se dégoûtait tellement. Elle repoussa brusquement le paquet, plaquant sa main contre sa bouche, refoulant du mieux qu’elle le pouvait les hauts-le-cœur qui lui retournaient l’estomac. Elle ferma les yeux, serrant les paupières, tenta de se calmer. Ses mains tremblaient, et son ventre lui semblait être prêt à exploser. Elle était immonde. Elle ouvrit la bouche pour hurler, mais comme d’habitude, aucun son n’en sortit, et elle en fut réduite à écraser son poing contre la porte, encore et encore, se pliant ensuite en deux, les bras enserrés autour de sa propre taille, finissant à genoux, face à la cuvette des toilettes. Elle n’était jamais allée jusque là. Elle avait l’impression d’en crever. Pauvre petite fille fragile, pauvre petite conne qui n’avait pas su se contrôler. Elle jeta un coup d’œil au seul biscuit restant, s’en saisit, l’observant d’un regard haineux, comme si tout le problème venait de là, comme si, si elle avait pu résister à celui-là, elle aurait résisté aux autres, et peut-être que c’était vrai, peut-être que la clé, c’était de ne pas commencer, pour ne pas devoir arrêter, et peut-être, peut-être que si elle avait pu… Elle l’engloutit en quelques fractions de secondes à peine, avant de recommencer à pleurer de façon hystérique et toujours cramponnée aux toilettes. Blanches. Tellement pures. Elle, elle était souillée. Depuis si longtemps. C’était pourtant l’étape à ne pas franchir, et pour la première fois, elle se sentait vraiment sale. Condamnée à être sale, dans cette carapace ignoble qui lui servait de corps. La nourriture n’était que déchets, elle n’aurait jamais dû se laisser tenter. Et cette nausée qui l’assaillait. Elle devait être purifiée, expier ses pêchers, elle devait faire quelque chose. Elle plaqua une nouvelle fois la paume de sa main contre ses lèvres humides de larmes, puis, résolue, se glissa avec aisance dans sa plus grande faille afin de tout démolir.
Elle ouvrit la porte des toilettes avec hésitation, constatant avec soulagement qu’elle était toujours seule. Se dirigeant jusqu’à l’évier, elle usait d’une euphorie et d’une satisfaction plus que malsaine, comme si rien ne s’était passé, comme si, après tout, elle avait résisté à la tentation, comme si elle n’avait rien fait de mal, comme si elle n’avait encore rien avalé de la journée. Menteuse, tu passeras dès à présent ta vie à te mentir, droit dans les yeux. Elle passa ses doigts sous l’eau glacée, confrontant son regard encore brouillé par ses pleurs avec défi. Son teint était passé au rouge, et elle se fit la réflexion, cynique enfant, que ce devait être suite aux convulsions. Elle se pencha, prenant soin de boire puis de recracher l’eau plusieurs fois, puis passa ses mains dans ses cheveux blonds. Son ventre était délicieusement vide, et, au lieu de ressentir le manque d’énergie qu’elle ne tarderait pas à constater, elle se contentait d’être ragaillardie par les profondeurs qu’elle avait heurtées en s’abaissant à cette chose qu’elle avait pourtant juré de ne jamais faire. Un goût de fer, nouveau, métallique, s’était installé dans sa bouche, mais elle n’en avait que faire. Son reflet la narguait, provocation qu’elle faisait de son mieux pour ne pas voir. Elle ne le referait plus, elle n’en aurait plus besoin. Jamais, jamais elle ne se laisserait aller à de telles extrémités. Il s’agissait de contrôle. Une dernière larme s’aventura courageusement sur sa joue, mais la jeune fille, agacée, l’en chassa bien rapidement, jugeant qu’elle avait assez pleurniché pour bien longtemps. La porte des toilettes s’ouvrit, et elle sursauta, songeant immédiatement à la rougeur de son visage et à l’eau salée qui emplissait ses yeux. Elle ne détourna pas la tête à temps, eut tout le loisir de voir s’afficher tour à tour l’incrédulité et la compréhension sur les traits de cette élève de septième année, assise à ses côtés en Métamorphoses, l’année dernière. Elle ouvrit la bouche pour se défendre, se rappela qu’elle ne pouvait rien dire, sentit les larmes affluer une nouvelle fois, secoua avec énergie la tête pour s’en débarrasser. Qu’elle pense ce qu’elle voulait. Que tout Poudlard dise, le lendemain, que Delilah Milton, cette blonde que tout le monde croyait anorexique, se faisait en fait vomir tous les jours dans les toilettes de Poudlard – et qu’en plus, elle n’était pas discrète. Qu’ils chuchotent sur son passage, qu’ils la pointent du doigt. Après tout, c’était déjà le cas. Une rumeur supplémentaire ne la tuerait pas.
Sentant ses jambes commencer à trembler, elle décida qu’il était temps de s’éclipser. Tant pis pour le paquet vide qui traînait encore dans la cabine – ça alimenterait les ragots. Elle entendit à peine l’élève la héler que déjà la porte se refermait derrière sa silhouette fine, et elle disparut ensuite à l’angle du couloir. La tête lui tournait, et la réflexion qu’elle se fit aurait pu la faire éclater de rire, si ce n’avait pas tant été dramatique ; elle avait envie de manger. Comme si elle ne l’avait pas fait assez. Ses pas s’accélérèrent, tandis qu’elle essayait tant bien que mal de se fuir, de fuir l’étrangère qui n’avait pas trouvé d’autres moyens pour se débarrasser de sa haine de soi de la dégueuler, encore et encore, jusqu’à ce que le goût de sang se mêle au reste, jusqu’à ce que la peine se transforme en douleur, jusqu’à ce qu’elle n’ait plus rien dont elle puisse se faire quitte. Pure comme l’enfant qui venait de naître. Et si son souffle était heurté, si chaque pas lui donnait l’impression de mourir, si le poids dont elle venait de se débarrasser semblait s’abattre davantage sur ses épaules, si elle avait envie de s’écrouler et de ne plus bouger, il restait cette mince parcelle de satisfaction, celle là même qui lui promettait de ne plus jamais s’échapper. Celle qui l’obligerait à refuser de manger demain, pour ne pas avoir à enfoncer ses doigts dans sa gorge encore une fois, celle qui, bien qu’elle ne le devine pas encore, la ferait sombrer. Cercle-vicieux, elle tournerait jusqu’à en crever, jusqu’à ce que ses forces l’abandonnent définitivement, et elle ne reconnaîtrait son erreur qu’à la fin. Quand la spirale était enclenchée, elle ne s’arrêtait pas, jamais, à moins que ce ne soit pour la voir gémir.
Fuite en avant, ses pas la menèrent vers la salle commune, et elle s’appuya un instant contre le mur pour ne pas s’effondrer. Quelques heures plus tôt, elle en était sortie, en proie à une fringale qu’elle avait pensée calmer par un simple tour en cuisine. Lorsqu’elle avait encore le contrôle, lorsqu’elle était sûre de résister aux différentes odeurs qui émanaient des fourneaux, lorsqu’elle était encore, au fond, tellement naïve. Elle avait demandé de sa voix douce qu’on lui apporte quelque chose à grignoter, et les elfes s’étaient précipités autour d’elle, esclaves joyeusement enchaînés. Il y avait simplement trop de choix, et son cœur s’était emballé, panique qu’elle répugnait à nommer. Alors elle avait choisi un plat, puis un deuxième, et, sous leurs mille yeux méduses, elle s’était empiffrée d’aliments plus succulents les uns que les autres, sans même être sûre d’y goûter réellement. Il avait fallu d’un rien, pour qu’elle cède. Tentation idiote, elle n’était pas à la hauteur. Elle était repartie de là le ventre déjà plein, vaguement nauséeuse, terriblement honteuse, un paquet de biscuits serré contre elle, et elle s’était enfuie, telle une voleuse, vers les toilettes des filles pour achever ce qu’elle avait commencé. Il avait suffit d’une bouchée pour qu’elle ne bascule, explosion des sens, elle avait compris qu’elle ne maîtrisait rien. Plus encore que sa propre trahison, cette idée l’avait terrifiée, et elle n’avait eu de cesse de s’enfoncer encore plus loin, incapable de relever la tête. A présent, elle ne savait plus que faire. L’indifférence qu’elle avait manifestée juste après l’incident avait volé en éclat, et elle se retrouvait seule face à elle-même, en proie à une angoisse qui lui lacérait l’âme. Elle pénétra dans la salle des Serpentard d’un pas incertain, et sentit les têtes se tourner sur son passage. Elle se demanda brusquement s’ils le savaient tous déjà, s’ils savaient à quel point elle était faible. Aucun visage rassurant, personne à qui se raccrocher. Elle n’avait pas encore fui assez loin.
Blake. Le nom s’insinua dans son crâne comme une évidence, et elle monta les escaliers qui la mèneraient à son dortoir quatre à quatre, dans un besoin urgent de se blottir contre lui, de lui expliquer, tout en sachant qu’elle ne le pourrait pas. Les mots ne traverseraient jamais sa gorge, ils resteraient bloqués au bord de ses lèvres, et, frustrée, elle ne pourrait montrer que tout le désespoir que cela lui inspirait. Il n’était pas là, elle s’en doutait. La jeune fille se jeta cependant dans son lit, tremblante. Elle l’attendrait, aussi longtemps qu’il le faudrait. Elle avait besoin de lui. Recroquevillée sur elle-même, ses genoux étaient remontés sur sa poitrine, et elle se balançait d’avant en arrière, avec l’espoir de parvenir à reprendre le contrôle. Elle se rappelait combien, avant, chanter doucement pouvait calmer ses peurs. Entendre sa voix s’élever remettrait les choses à leur place. Elle en était incapable. Elle allait exploser. Elle voulait s’exprimer. Elle voulait lui parler. Elle voulait exister, parce qu’elle n’avait qu’une impression ; celle qu’elle était en train de disparaître, peu à peu. Elle s’étonnait d’être toujours là. Les larmes coulaient une nouvelle fois librement, se déversant sur son visage, et ensuite sur les draps de son cousin, sans aucune retenue. Il allait bientôt arriver, il devait arriver. Il saurait quoi faire, n’est-ce pas ? Ses doigts se crispèrent sur ses jambes, y déposant la trace de ses ongles vernis de noir. Il allait bientôt arriver.
Dernière édition par Delilah A. Milton le Ven 24 Juil - 18:18, édité 1 fois | |
| | | Blake Milton-White
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| Sujet: Re: She's comin' over like a suicide • Blake. Jeu 2 Juil - 22:14 | |
| Toujours ces mêmes conversations depuis les attentats : qui, pourquoi, comment... Mais les plus redoutées de toutes, c'était les informations quotidiennes, comme des commérages dont on ne voulait se passer. Dont on ne pouvait se passer. C'était se renseigner sur le fait qu'untel ou untel allait mieux, sans avoir à ouvrir d'une main tremblotante la Gazette du matin et se reporter directement à la rubrique nécrologique. C'était la possibilité de gueuler à la face de l'informateur un "Non, ce n'est pas vrai", lorsqu'il vous annonçait la mort d'un de vos amis. Et jour après jour, la peur leur tenait au ventre, bien qu'ils s'évertuaient à faire en sorte que la vie continue. Marchant auprès d'une bande d'amis dans le parc à l'herbe humide, Blake se tenait plus taciturne qu'à l'accoutumée, mais aussi et surtout, il avait cet air absent et le regard éteint. Il pensait, un peu trop sans doute, il pensaient à elles, toutes si différentes dans leur manière d'être. D'abord il y avait la délicate Delilah, la plus importante de toutes sans doute, sa lune et son autre moitié, son alter-ego et sa foi, celle sans qui sa vie n'avait plus de saveur, sa tendre et bien aimée cousine. Son mutisme n'avait eu de cesse d'inquiéter Blake, lui qui l'avait toujours connue si forte et rayonnante, il la voyait sombrer dans un repli d'elle-même, repli que pourtant le Serpentard avait toujours su inévitable. Les Milton faisaient toujours bonne figure, paraissant si parfaits et à la fois agaçants, populaires et envoûtants, le genre de personnes que tous voulaient dans leur entourage, car leur influence n'était pas moindre. Ils ne devaient certainement pas connaître le malheur, eux à qui la vie souriait sans cesse, c'était alors ce que murmuraient leurs admirateurs comme leurs rivaux jaloux... Stupidité, peut-être étaient-ils au contraire plus malheureux que les autres, mais simplement diablement plus malins pour leur cacher ces failles. Et Blake savait que la faiblesse de sa belle cousine était au moins aussi défaillante que la sienne propre, conduisant à l'auto-destruction et la mutilation de l'âme, jusque dans leur douleur, ils partageaient tout, mais d'une manière si différente. Il craignait ne plus jamais réentendre sa voix chantante, de la voir sombrer dans l'affre de la déprime, et sentait son coeur se serrer à la vue de sa blonde dont plus aucun sourire ravi ni même gaieté claironnante ne venait se dessiner sur son visage d'ange. Et il était là, à lui tenir la main, sans pour autant peut-être avoir les bons mots ou la meilleure attitude : comment dompter le réconfort lorsque l'on n'avait jamais eu pour père qu'un homme froid et distant, lorsqu'on avait interféré un jeu sournois avec sa cousine préférée, lorsque le roi et la reine s'aimaient jusqu'à vouloir voler la couronne de l'autre pour en sortir vainqueur... Mais au final, le ténébreux Serpentard avait prouvé par sa présence, par ses regards, par son soutien, ses lettres et son attitude lors de l'explosion à vouloir protéger sa cousine à en sacrifier sa propre vie, qu'il tenait à elle plus que tout. Et en parallèle de Delilah, il y avait également Sasha ; divine enchanteresse qui lui avait volé son coeur, qui avait dompté ses sentiments, et pour qui son palpitant s'affolait d'une manière inhumaine chaque fois qu'il la croisait. Et enfin, autre jeune femme parcourant ses pensées ; il y avait la fragile Casey, un ange de douceur qu'il ne voulait perdre, tout en tentant pourtant de ne pas y laisser de sa liberté... La vie de Blake avait toujours été en quelque sorte été basée sur le pouvoir inéluctable des femmes, créatures divines dont il ne pouvait se passer ; sa propre mère, ses amantes trop nombreuses, ses poupées, et ces jeunes filles envahissant ses pensées.
La voix d'Alexander le sortit alors de sa léthargie, plus emportée, plus fulgurante, plus troublée aussi. "Maximilian McFord ? Non, pas lui" ... Quelques tremblements dans la voix de l'ami du Serpentard, insinuant explicitement qu'un autre avait succombé à ses blessures. Et déjà, le petit groupe s'était arrêté, quelques uns se rapprochant d'Alexander dont le lien amical tissé avec ledit Maximilian avait toujours été fort, un peu comme Blake et James, prêts alors à le prendre dans leurs bras quand l'autre moitié de la bande ne savait comment réagir, perdue par tant de tristesse soudainement tombée sur leur vie comme un poids lourd. Blake encore absent et pourtant sorti de ses pensées, ne posa seulement que son regard éteint sur le blond gringalet, lorsque ses prunelles distraites vinrent toiser une blonde passant par là. Ainsley. Et la pensée traversant l'esprit du ténébreux Milton, tel un foudroiement cruel, fut a posteriori cette seule remarque : en espérant que durant l'explosion, l'enfant endormi dans son ventre y était passé. En espérant qu'il y ait laissé la vie, quitte à ce que Ainsley soit anéantie.... C'était là une optique diablement cruelle mais qui réjouirait le jeune Blake qui ne se voyait pas papa. Son regard se posa de nouveau sur Alexander secoué de larmes et de ses camarades tentant un réconfort maladroit. Que disait-on lorsqu'un ami perdait un ami : je suis désolé ? Et que faire, lorsque l'ami en question pleurait aussi intensément , faire ce que l'on faisait d'habitude pour les petites peines, lui promettre une petite sauterie improvisée et lui remonter le moral à coup de verres de rhum ? Aucune solution ne s'envisageait, c'était la simple présence d'un proche pour son camarade contre le temps qui essuierait les larmes, on demeurait impuissant. Blake ne dit toujours mot, posant son regard sur un point invisible au sol, alors même que tous les yeux se braquèrent sur lui. Blake le populaire, Blake l'influent, Blake le bourreau des coeurs. Celui qui avait réponse à tout, celui pour qui la vie semblait si facile, celui qui avait toutes les clés... Et celui qui pourtant haïssait le monde, celui qui devait faire tout dans l'excès pour véritablement ressentir, celui qui se tailladait l'âme à la pointe de sa came acide, celui qui avait en toute heure diablement l'envie de les détruire tous juste pour assouvir son besoin d'auto-destruction... Si seulement ils savaient. Mais il reprit son rôle de meneur de troupes, tellement à l'aise dans son jeu de grand puissant qui en vérité ne pouvait rien : il pouvait au moins les réconforter en leur donnant l'illusion que tout allait bien. A sa manière, et il le savait, Blake les réconfortant en les berçant de ces illusions si attendues. Le jeune homme se redressa, fort et rassurant, hochant doucement la tête il posa sa main sur l'épaule d'Alexander.
BLAKE – « Ne te laisse pas abattre, on est là pour toi. »
Alexander aquiesça, ses larmes se faisant moindre quant aux paroles de son ami. Des paroles pourtant banales, mais elles venaient de Blake, aussi elles avaient donc cette autre saveur. Réaction étrange que Milton avait fini par comprendre : son statut populaire faisait que ses camarades percevaient le moindre de ses mots comme ayant plus de poids que les autres, l'esprit humain est faible et s'enorgueillit dès qu'il s'adresse à l'élite. Après la séance de réconfort, la petite bande repartit vers le château, mais bientôt las et fatigué de baigner dans cette atmosphère terne et triste, Blake inventa un prétexte pour se rendre seul à la salle commune. A peine eut-il franchi le seuil, que quelques conversations s'interrompirent, alors même que des regards se tournèrent vers lui. Regards qui devinrent fuyants et gênés lorsqu'ils croisèrent les prunelles inquisitrices de Blake, ayant capté au passage de ces conversations venimeuses, le nom de Delilah et quelque chose ressemblant à un "s'empifrer". Milton fronça les sourcils, et déjà des têtes se baissèrent alors qu'il s'avança, mais le jeune homme ne se dirigea que vers un camarade proche. Et sa voix incandescente, murmure suave mais terriblement glacial, sec et ferme, résonna alors entre les murs.
BLAKE – « Elle est où ? » Justin – « Deli ... ? » feinta-t-il maladroitement, voulant faire croire au fait qu'il ignorait encore de qui Blake parlait. « Elle est montée il y a bien un bon quart d'heures déjà. Elle doit être dans son dortoir. »
Il n'avait dès lors aucune envie de demander d'autres informations à ces commères de bas-étage, mais ce qui était certain c'est que tous paieraient leur affront de parler ainsi de Delilah dans son dos.. Et ils le savaient, voilà pourquoi dans les heures à venir, Blake recevrait excuses ou quelques faveurs venues de nulle part, juste pour ne pas s'attirer les futures foudres revanchardes du Serpentard. Montant alors rapidement les escaliers, visiblement inquiet, le jeune homme ténébreux entra dans la chambre de sa cousine sans préavis, ouvrant la porte d'un coup sec sans même frapper au préalable, apparaissant alors sur le seuil sous les légers cris de surprise des demoiselles déjà présentes et partageant cette même chambre. Mais bientôt, les regards aguicheurs succédèrent à la surprise, oeillades et sourires que Blake ignora froidement alors qu'il se dirigea vers le lit de Delilah poussant alors les rideaux de son baldaquin, divulguant une couche vide. L'une des demoiselles s'empressa alors de plaquer doucement sa fine main dans le dos du jeune homme, persuadée qu'il serait réactif à ses avances, sous le gloussement de ses amies. Puis elle se mit sur la pointe des pieds, déposant un baiser sur le coin des lèvres de Blake qui ne comprenait pas : où était-elle.
Madison – « Blake, pas dans le lit de Delilah tout de même... » fit-elle dans un rire provocant et une fausse moue dérangée. « Hmm, quoique si... »
Puis d'une main venant appuyer contre son torse à l'en faire perdre l'équilibre, elle poussa le jeune homme sur le lit avant de venir s'aposer à califourchon sur ce dernier, visiblement très peu pudique. Mais le jeune homme n'était guère d'humeur à jouer ; repoussant la demoiselle d'un geste ferme et brusque, il se redressa alors sans un mot, avant de quitter les lieux sous le regard vexé de son assaillante. Passant une main dans ses cheveux, passablement énervé, Blake se dirigea vers son propre dortoir, heureusement vide. Du moins c'était ce que le jeune homme pensait, jusqu'à ce que, après avoir refermé la porte, il entendit quelques sanglots étouffés qui dès lors éveillèrent son inquiétude. S'approchant à grands pas de son lit, il avisa la silhouette de sa tendre cousine, recroquevillée sur elle-même et les cheveux d'or entremêlés, secouées de larmes et d'une tristesse lancinante. Aussitôt, inquiet et sur le qui vive, Blake alla s'asseoir sur le rebord, tourné vers sa Delilah tout en repoussant ces mèches de cheveux afin de dégager son si magnifique visage. Que s'était-il passé, avait-elle mal; quelqu'un s'en était-il pris à elle... Tant de questions qui affolaient son coeur mais qu'il ne pouvait lui poser, car conscient du manque de tact qu'il ferait alors puisqu'elle ne pourrait lui répondre. Alors il enfouit sa main dans la sienne, se penchant auprès de cette dernière jusqu'à sentir son souffle se mêler au sien. Que son palpitant souffrait de la voir à l'agonie, il aurait tout donné pour prendre sa douleur à sa place et la voir sourire.
BLAKE – « Ne pleure plus princesse, je suis là. »
Une murmure suave mais inquiet, tout autant que son regard qu'il plongea dans le sien avant de resserrer fortement sa main dans la sienne.
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| | | Delilah A. Milton
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| Sujet: Re: She's comin' over like a suicide • Blake. Ven 17 Juil - 9:28 | |
| Et la pièce tournait, tournait, manège infernal qui ne la laisserait pas s’échapper. Elle sentait la chaleur des flammes qui léchaient son corps frêle, elle ressentait l’horreur des âmes en peine qui voguaient autour d’elle, elle voyait les démons l’entourer, la tirer encore plus loin dans les profondeurs. Elle se laissait glisser dans l’illusion, terreur qui enserrait son cœur, pour, semblait-il, ne jamais le relâcher. Prisonnière éternelle, elle était enfermée à l’intérieur d’elle-même, et étouffait, jour après jour. Elle voulait s’évader, mais la seule chose qu’elle tenait à fuir, c’était son reflet, c’était la certitude d’exister, malgré tout ce qui s’était passé. Oh, elle n’avait jamais songé au suicide, elle se savait trop faible pour exécuter le dernier geste, et elle pensait avoir plus de dignité que tout ceux qui en finissaient sur un coup de tête, terrassé par un mal-être qu’elle, elle en était sûre, ressentait en ce moment même. Ces derniers temps pourtant, la dignité venait à manquer, tandis qu’elle se laissait tomber dans un état à peine conscient, quand tous ses gestes n’étaient qu’automatisme, quand ses sourires tremblaient, quand son silence écrasait tous ceux qui s’approchaient d’elle. Elle était une bombe à retardement, elle était effrayante, elle semblait vide, et quand elle ouvrait la bouche, désireuse d’émettre un son, tous se figeaient à côté d’elle, avec cette crainte nauséeuse de la voir renaître de ses cendres. Qu’importe, la phrase était sur les lèvres de tout le monde, et les murmures se faisaient oppressants quand elle passait dans les couloirs, enjambées énergiques et rapides, s’éloigner, ne pas écouter, putain, ne surtout pas les écouter. Mais les mots l’atteignaient quand même, cette affirmation mauvaise qui lui poignardait le cœur, qui l’obligeait à se renfermer davantage. Cela ne marchait cependant pas, et elle s’en souvenait, par Merlin, elle se souvenait parfaitement de la voix grave qui avait chuchoté ces paroles tandis qu’elle s’enfuyait vers la bibliothèque, pauvre enfant, perdue et bouleversée, confrontée à l’horrible vérité. Delilah Milton était bel et bien décédée par cette nuit chaotique. Et ce fantôme menaçant qui planait n’était qu’un souvenir, qui, ils le savaient, finirait pour disparaître. Combien n’avait pas parié sur le moment où elle craquerait ? Ils attendaient tous de la voir sombrer, un potin de plus à diffuser, ils attendaient de voir la garce démolie, comme elle se plaisait tellement, il fût un temps, à les détruire. Un juste retour des choses en soi, et personne ne tendrait la main pour la relever quand elle serait à terre, elle le savait. Pas ces élèves plus âgés qui tournaient autour d’elle, tels des vautours, espérant la voir se glisser dans son lit ; pas ces petites idiotes de quatrième année qui la prenait en idole ; et encore moins ces potiches qui avaient constitué, et cela depuis déjà plusieurs années, sa cour personnelle. Ils la laisseraient tous crever, certains avec indifférence, un fond de regret qu’ils ignoreraient avec soin, d’autres avec le plaisir malsain dont elle avait si souvent fait preuve en voyant ses victimes s’effondrer, en larmes. Elle était vouée à mourir seule, s’il n’était pas à ses côtés. Il serait son sauveur, comme il l’avait toujours été, et elle lui attribuait le rôle le plus important dans la pièce de théâtre qu’était devenue sa vie, oubliant qu’il pourrait disparaître du jour au lendemain, oubliant qu’il n’y avait plus rien à sauver chez elle. Elle était l’épave qu’elle méprisait, elle se complaisait dans la médiocrité, désireuse de s’y enfoncer jusqu’à ce que plus personne ne puisse la reconnaître. Elle était morte, eh bien, elle renaîtrait sous une autre identité. Elle se voyait sombre, elle se voyait désespérée, et elle fermait les yeux, et les images défilaient dans son crâne douloureux. Penchée au-dessus des toilettes, sa main se crispant sur la cuvette tandis qu’elle y déversait sa rage et sa peur. Allongée, jambes écartées, ils descendaient sur elle, ils passaient sur son ventre comme des ombres néfastes, ils la souillaient. A terre, au milieu du chaos, gémissante, tentant de ramper jusqu’à son cousin. En classe, les regards se tournant vers elle, les murmures se faisant de plus en plus bruyants. Dans les toilettes, plaquée contre la porte d’une cabine, un corps chaud se pressant avec ardeur contre le sien. Un verre de vodka en main, les larmes aux yeux. Recroquevillée par terre, chantant en silence les paroles qu’elle ne pouvait plus prononcer. Un doigt dans la gorge, pliée en deux. En train de baiser. En train de pleurer. En train de se saouler. En train d’hurler. Elle voulait tellement hurler. Elle enfouit sa tête dans les draps, comme pour étouffer un cri qui ne viendrait pas. Elle ne pouvait plus s’arrêter de trembler. La bombe était prête à exploser, mais elle ne la laissait pas faire, se tordant dans tous les sens, incapable de faire ressortir sa haine.
BLAKE – « Ne pleure plus princesse, je suis là. »
Elle ne l’avait pas entendu arriver, mais elle le voyait distinctement, penché au-dessus d’elle avec cette inquiétude au fond des yeux, sa main dans la sienne, et toute la délicatesse dont il pouvait faire preuve. Elle voyait les questions se bousculer dans son regard, les imaginait dansant autour d’eux, et soudainement, elle avait envie de rire. Un sanglot, encore un, s’échappa pourtant de ses lèvres entrouvertes, et elle se serra brusquement contre lui, entourant sa nuque de ses bras, laissant les larmes s’échapper dans son cou. Elle se sentait trembler, partir dans tous les sens, elle sentait son corps lui échapper tandis qu’elle le regardait, impuissante, et son cœur n’avait jamais battu aussi vite, même pas ce soir-là, confrontée à la mort, confrontée à sa mort. La jeune fille se serra davantage contre son cousin, les yeux fermés. Elle tentait tant bien que mal de chasser les images qui semblaient la hanter, narquoises et mauvaises. Elle voulait lui dire, lui expliquer pourquoi, lui demander de les chasser, mais elle en était incapable. Alors ses sanglots reprirent de plus belle, et elle se vit sombrer plus qu’elle ne le vécut. Elle avait l’impression d’observer la scène de loin, deux élèves enlacés, et la détresse de cette pauvre petite conne aux grands yeux tourmentés. Elle voulait dire que ça allait, elle voulait essuyer ses larmes, sourire, lancer d’un ton désinvolte que tout allait bien se passer. Elle voulait parler, poser les mots, elle voulait revivre. Honteuse, elle se rendit compte qu’elle avait cru que Blake pourrait tout arranger. Petite enfant naïve, qui se promettait la lune, tombe de haut et puis pleurniche. Elle avait cru, ne serait-ce que quelques secondes, qu’il entrerait dans la pièce, qu’il la prendrait dans ses bras, et que tout irait bien. Elle avait cru que son mal-être disparaîtrait, elle s’était bercée d’illusions, et la douleur s’en trouvait amplifiée, ravie de ce faux-espoir que sa victime venait d’endurer, et cela par sa propre faute. Alors, elle comprit. Tandis qu’elle s’observait, fronçant le nez, dégoûtée, elle comprit. Elle n’irait jamais mieux. Tout resterait toujours comme ça, et elle devrait simplement s’en contenter. Elle devrait apprendre à vivre malgré ça, comme tous ceux qui avaient été victimes de l’attentat, elle devrait se soumettre à la réalité, et cesser, cesser de s’entourer de jolis mensonges qui finissaient eux aussi par la trahir. Traîtres. Elle était entourée de traîtres. La certitude montait en elle, accepter la réalité, toute cette connerie qu’elle tenait tellement à repousser, loin d’elle, le plus loin possible. Elle devrait pourtant s’y plier. Mais elle en était incapable, et la colère brouillait déjà sa soudaine lucidité, alors qu’elle se dégageait bientôt de l’étreinte du jeune homme, ce même garçon sur lequel elle s’était jetée, en quête d’un réconfort qu’il ne pouvait lui apporter. Incapable. Il ne l’avait pas sauvée, il ne méritait rien, il ne méritait même pas qu’elle soit là à ses côtés, il était inutile. Blake, Blake. Elle chercha son regard, perdue, attendant qu’il fasse quelque chose, un ultime geste pour la secourir. Mais il semblait être aussi confus qu’elle, et ce fut dans un accès de rage soudaine qu’elle enfonça son poing dans la poitrine de son chevalier déchu, puis un deuxième, et un troisième, pluie de haine et de violence que ses sanglots brisaient. Et ce fut dans cette folie passagère, ce fut alors qu’elle touchait le fond, repoussant la seule personne qui aurait encore pu l’apaiser, qu’elle explosa, alors qu’un hurlement franchissait enfin ses lèvres gercées.
Et sa voix montait, montait, tandis qu’elle se brisait davantage à chaque seconde, qu’elle heurtait le fond tant attendu, qu’elle démolissait son cousin avec elle, le frappant de toutes ses forces. Elle avait perdu la tête, elle était devenue complètement folle, douce enfant poussée dans ses derniers retranchements. S’était-elle déjà autant haïe ? Tout cet étalage de sentiments, toute cette détresse qu’elle ne parvenait pas à refouler, et les mots qu’elle n’avait pu glisser s’échappaient tous de ses lèvres, formant des phrases incohérentes, blabla incessant qu’elle ne parvenait pas à contenir. Sauve-moi. Une supplique faite à sa victime, alors qu’elle continuait à user ses poings sur le jeune homme, avec de moins en moins d’ardeur cependant, alors qu’elle luttait pour ne pas s’écrouler. Tue-moi. Deux autres mots, et elle arrêta définitivement de s’abattre sur lui, ses larmes se stoppant brusquement tandis que son visage n’exprimait plus qu’un sérieux glacé.
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| | | Blake Milton-White
Depraved prince • sex, drugs && rock'n roll
Messages : 1223 Camp : De mon côté. Je mène ma propre bataille !
| Sujet: Re: She's comin' over like a suicide • Blake. Ven 24 Juil - 18:06 | |
| BLAKE – « Laisse moi sortir ! Laisse moi sortir ! Ouvre, laisse moi sortir ! »
Les poings du gamin de sept ans s'abattaient sur la porte de sa chambre avec frénésie et colère, sa voix encore fluette s'échappant de ses lèvres se faisait néanmoins enragée et virulente, mué dans une colère dévastatrice, d'un sentiment rageur mêlé à cette peur trop bien fondée, le petit garçon hurlait d'une haine farouche sa plainte, encore et encore. De longues minutes déjà qu'il tambourinait à la porte de sa chambre, à hurler ainsi à son père de le laisser sortir, à en sentir ses poings parcourus d'une douleur vive empourprant les joints de ses mains. Encore et encore, inlassablement, il hurlait sa colère et son désespoir, sentant ses nerfs lui lâcher sous le poids de cette horrible condition à être ainsi enfermé. Le jeune Milton n'était pas un enfant battu, pas plus qu'il était délaissé ; au contraire ne manquant de rien il avait pour lui une chambre somptueuse et les promesses d'un avenir certain. Le seul obstacle à son enfance qui aurait pu être parfaite, était encore sa mère qui se laissait doucement dépérir, et son propre père qui, obsédé par la perfection et la réussite, avait trouvé dans le don de son fils cette chance de le voir percer encore plus loin, encore plus haut. Son fils unique deviendrait ministre ou banquier, voire même médicomage, mais quoiqu'il en soit il ne pouvait le laisser gâcher cette précocité intellectuelle. Aussi, dans un excès cupide et presque fou, porté par le désir le consumant de la perfection, Edward Milton avait ainsi poussé le vice à forcer son jeune fils à étudier, l'enfermant à clé dans sa chambre. Une condition qui pour lui n'avait rien de cruel ni d'inhumain, il ne sentait là ni mal ni manque de lucidité, aveuglé par sa cupidité et l'envie de faire de son jeune fils le summum de la perfection, futur grand sorcier, il l'enfermait ainsi tous les jours, pour son bien et son avenir... Une attitude des plus vicieuses trahissant l'excès vindicatif des Milton ; le médicomage ignorait qu'il condamnait le jeune Blake à devoir se battre ainsi contre ses propres démons. Huit ans seulement, et séquestré chaque jour quelques heures dans une pièce, à se pencher sur les livres tandis qu'au loin résonnaient les rires enfantins et insouciants de ses camarades. Aujourd'hui, n'y tenant plus, des larmes vinrent alors monter aux yeux ambrés du jeune garçon dont les mains frappant avec force contre la porte de bois commençaient à le faire souffrir ; des larmes de colère et de rage, l'envie de tout détruire, y compris lui-même. L'auto-destruction si chère au coeur de Blake commençait alors, et ne le quitterait plus jamais.
BLAKE – « Pabbi * ! Ouvre moi ! »
Les poings qui tambourinent à la porte, avec haine, avec rage, avec fureur, résonnant en écho contre une porte de bois vibrante sous la peine et la colère d'un petit garçon encore terrorisé, malgré ses hurlements intempestifs trahissant sa virulence haineuse. Les livres éparpillés au sol, les bibelots à terre balayés d'un revers de main en sont la preuve ; le petit garçon a explosé, et le voilà confiné à une porte qui ne veut pas s'ouvrir. Et pourtant, cette dernière grince, s'entrouvre, une silhouette massive apparaît ; un bel homme au visage soudain strict, et sa main puissante s'empare du petit garçon et le tire dans le couloir. Sans trop de violence, mais avec fermeté, tandis que le jeune Blake se débat contre son père, épuisé par tant de haine qu'il exorcise alors ; il frappe et s'agite, comme si la porte ne s'était pas encore ouverte. Alors son père l'empoigne fermement et le pousse contre le mur, la tête du jeune garçon venant le percuter de plein fouet. L'homme n'a pas voulu faire preuve d'autant de violence, mais seulement calmer son fils qui peste comme un diable, apeuré et haineux, les yeux humides et pénétrants. Aussi le père se met à parler d'une voix douce alors qu'il s'accroupit pour se trouver à la hauteur de son fils qui se débat encore avec force et violence, et déjà l'adulte sait qu'il n'y a qu'une seule chose qui puisse apaiser le petit diable affolé.
Edward – « Blake ! Blake calme toi ! ... Ta cousine est là... Delilah. »
Le petit garçon cessa peu à peu de se débattre, hoquetant néanmoins dans une respiration saccadée qui peinait à se calmer. Ses larmes toujours au coin de ses yeux sombres qu'il ravala alors, Blake toisa son père d'une oeillade perçante et froide, encore sous le joug d'une rage et d'une peur incontrôlée. Néanmoins le regard de son père ne cillait pas, et Blake voyait déjà venir le ton moralisateur.
Edward – « Tu es infect aujourd'hui Blake, je ne suis pas sûr que tu aies le droit d'aller voir ta cousine... Tu te souviens de ce que je t'ai dit ? » BLAKE – « La perfection ne s'acquiert qu'en travaillant... » répondit le garçonnet d'un murmure agacé mais docile. Edward – « ... Donne-moi un synonyme de 'infect' en latin. » BLAKE – « ...Excitiabilis. » Edward – « Bien, la leçon est apprise tu peux y aller. »
Et l'homme se releva d'un sourire fier, ignorant qu'il torturait son propre fils à vouloir ainsi le modeler et l'enfermer dans une obsession pour la perfection qui n'existait pas. Blake se redressa, essuyant ses larmes avec fureur, il reprit prestance et descendit les escaliers d'un pas vif, posant sur ses lèvres un sourire ravi qui s'étira à la vue de Delilah, postée dans le salon. La peur et la colère s'étaient envolés à la vue de sa si précieuse cousine.
. . . . . .
Ô combien il pouvait la comprendre, comprendre qu'elle devait éprouver ce besoin de hurler mais que seules ses larmes parvenaient à trahir la douleur qu'elle avait à se sentir enfermée. Prisonnière de son propre corps, de sa propre condition, peut-être même haïssait-elle Blake de l'avoir sauvée, une option que le jeune homme entrevoyait alors à l'instant, bien qu'il se montrait doux, présent, affectueux. Il aurait souhaité prendre toute la souffrance lancinante de sa cousine pour qu'elle se porte mieux, il aurait souhaité lui dire que tout irait mieux, il aurait aimé lui affirmer qu'ils y arriverait, tous les deux. Mais il n'était que des Milton, la race damnée d'une famille dont les enfants torturés souffraient tout en se donnant une image jalousée et enviée de beaucoup ; qu'ils étaient populaires, qu'ils étaient beaux et insouciants , les Miltons avaient tout, même le bonheur, à en donner la nausée à leurs camarades... Foutaises gargantuesques ; ils étaient juste plus malins que les autres, à savoir cacher leur douleur et à se montrer forts et intouchables. Et en cet instant, à en partager ce qu'elle pouvait ressentir en ayant été lui-même prisonnier d'une condition qu'il n'avait pas voulu, il ne pouvait lui mentir en lui promettant de belles paroles. Il ne pouvait qu'être là, à ses côtés, être celui pour qui elle pouvait laisser couler les larmes sans avoir la crainte d'être jugée ou raillée ; lui la soutiendrait, l'épaulerait, ne la verrait pas comme une pétasse insolente et reine de sa cour hypocrite, mais comme une petite poupée brisée et perdue, ce qu'elle était en réalité. Sa cousine s'agrippa alors à lui alors qu'il resserra tendrement son étreinte, taciturne, compréhensif, perdu lui aussi ; il n'était pas le sauveur qu'elle attendait en l'instant, il ne lui rendrait pas sa voix, il ne lui permettrait pas de recouvrer la liberté. Il avait été au contraire celui qui, au risque d'en sacrifier sa propre vie, l'avait sauvée cette nuit là d'une fin peut-être atroce mais dessinant sa condition d'aujourd'hui. Les torrents de larmes vinrent couler le long de ses joues pâles et creusées, d'un visage se faisant reflet de l'allégorie de la peine et de la tristesse, roulant jusqu'au creux du cou de son cousin qui, penché sur cette dernière la gardait dans ses bras tandis qu'elle hoquetait encore d'une peine devenant de plus en plus rageuse. Il n'avait qu'elle, pourtant constamment entouré, envié, jalousé, craint parfois, Delilah demeurait sa seule famille, sa moitié et son tout, la seule à pouvoir le comprendre, la seule à partager cette douleur, à savoir que leur couronne pesait trop lourd, à être affublée elle aussi d'une malédiction dont ils ne voulaient pas ; celle de se consumer dans les flammes de leur propre perdition. Ils se forgeaient un monde pour ne plus souffrir, fait de fêtes, de débauches, de coucheries, d'illusions, s'alliant dans leur propre auto-destruction, allant même jusqu'à se provoquer l'un l'autre, à croiser le fer sans jamais se blesser pour autant, à se chercher du regard sans jamais se lâcher la main.
Puis soudain, muée dans une rage qu'il ne comprenait que trop, celle de la douleur, la rage et la peur, la jeune fille le repoussa, ses poings balancés alors contre le torse de son cousin qui encaissa non sans serrer la mâchoire, fermant les yeux de temps à autre simplement pour ne pas faire ses prunelles trop assassines. Dieu qu'il la comprenait, et dieu qu'il avait envie de hurler lui aussi, mais comme une reconnaissance envers les impulsions rageuses et désespérées de Delilah , Blake n'en fit rien, encaissant sans un mot jusqu'à ce, enfin, sa nature impulsive ne reprenne le dessus et que ses mains puissantes ne viennent à la recherche des poignets de la jeune fille, l'empêchant alors de continuer bien qu'elle se débattait encore. Le jeune homme connaissait ce sentiment ; l'envie de hurler sa haine au monde, contre tout et tout le monde, l'envie de se détruire et de détruire les autres, l'envie de les voir souffrir, de les voir se consumer, l'envie de pleurer encore, l'envie de tomber de fatigue sous le joug de larmes incessantes... Mais alors qu'il ne s'y attendait plus, quelques mots se firent entendre, du timbre si délicat de Delilah qu'il connaissait alors. Même au bord du désespoir, même si sa voix était cassée par ce mutisme imposé, même si elle demeurait vacillante et rageuse, elle demeurait toujours magnifique. Et ce malgré les mots proférés. Un sauve moi suivi de paroles plus glaçantes mais si compréhensibles dont il ne pouvait lui en vouloir, c'était à peine si la jeune fille avait alors pris conscience de ses mots, de sa voix retrouvée, noyée dans les affres d'une douleur lancinante. Car ce n'était pas son mutisme le principal objet de sa douleur vive et carnassière ; c'était un tout, une condition, une vie... C'était être elle-même, qui lui faisait aussi mal. Les poings de Delilah cessèrent de s'abattre sur Blake comme il relâcha ses fins poignets, la toisant alors de son regard de marbre, à la fois sérieux et tendre, cette lueur fraternelle en plus.
BLAKE – « Je sais que c'est difficile, et que je ne suis pas ton sauveur. Mais je suis là, et je le resterai jusqu'à ce que nous devenions cendres. » Un silence, durant lequel le Serpentard cherchait ses mots ; ceux qu'il pourrait mettre sur ses sentiments, ses ressentis, sa propre douleur. « On y arrivera Delilah, tous les deux. On va s'en sortir et un jour, on leur rira au nez. Ce sont tous des incapables et des ignares. Mais nous, on trouvera le moyen de calmer la douleur sans avoir besoin de morphine et d'en devenir dépendant. » fit-il d'un murmure grave et sérieux.
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* : "papa" , en langue islandaise. | |
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